Société

Réalité partagée

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Octave Nicoué Broohm, a donné jeudi à Lomé le coup d’envoi de la Journée de l’emploi, organisée par le gouvernement en partenariat avec le Bureau international du travail (BIT).

Les représentants des ministères, du secteur privé, des organisations patronales et syndicales y prennent part et vont tenter de développer l’interaction entre tous les acteurs pour dynamiser le marché du travail.

« L’inadéquation emploi-formation constitue l’un des plus grands handicaps de l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi », a souligné le ministre lors de son intervention.

Il a dressé un diagnostic sans complaisance de la situation de l’emploi au Togo où, malgré les efforts soutenus du gouvernement, beaucoup d’efforts restent à fournir pour faire de la promotion de l’emploi décent en faveur des jeunes une réalité partagée.

Le Togo et le Cap Vert sont les deux pays d’Afrique de l’Ouest retenus par le BIT pour organiser cette Journée de l’emploi dans la perspective du congrès mondial du travail et de la conférence internationale du travail qui auront lieu en mai et en juin à Genève.

Voici le discours prononcé par le ministre

Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d’abord à exprimer mes remerciements et ma profonde gratitude à nos illustres hôtes et à vous tous qui avez accepté avec promptitude notre invitation.

La manifestation de ce jour constitue en soi tout un symbole. En effet, le choix porté sur notre pays pour organiser « cette journée de l’emploi des jeunes » nous honore à plus d’un titre.

Il s’agit, à n’en point douter, de la reconnaissance des institutions internationales, vis-à-vis des multiples efforts que le TOGO entreprend depuis 2005 pour assurer en faveur de notre jeunesse une promotion de l’emploi digne de ce nom.

Si nous ajoutons à cela la confiance faite à notre pays par les grandes institutions de financement, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement, dans le cadre des opportunités pour la phase pilote de l’initiative africaine en faveur de l’emploi des jeunes, alors nous pouvons affirmer avec fierté que l’unanimité internationale se dessine autour de la pertinence de nos choix stratégiques en la matière.

A ce propos, permettez-moi d’exprimer toute ma gratitude à l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour l’assistance multiforme qu’elle accorde à notre pays.

Il me plaît de profiter de la tribune que m’offre cette cérémonie pour exprimer à Monsieur Dramane HAÏDARA , Directeur Adjoint de l’OIT zone sahel, toute notre reconnaissance pour sa grande disponibilité et la qualité exceptionnelle de son plaidoyer en faveur du Togo auprès de son Institution.

Mesdames, Messieurs,

La situation politique, sociale et économique de notre pays n’était pas reluisante au sortir de la longue crise en 2005.

Sous l’impulsion dynamique et visionnaire du Chef de l’Etat Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE à qui je rends ici un hommage déférent, les fondamentaux de notre politique de l’emploi et de réduction de la pauvreté ont progressivement été mis en place malgré le contexte économique et financier difficile caractérisé par une récession dont personne ne saurait prédire l’issue. C’est l’occasion pour moi de remercier tout le gouvernement pour son engagement et sa forte sollicitude au service de la promotion de l’emploi en général et de l’emploi des jeunes en particulier.

A cet égard, il a fallu moderniser les instruments et les différents organes publics chargés de la gestion de l’emploi.

En plus de cet effort de modernisation, notre pays a lancé plusieurs initiatives majeures en faveur des jeunes. Il s’agit entre autres du :

-          Programme de Promotion du Volontariat National, du programme d’appui à l’insertion et au développement de l’embauche ;

-           programme d’Appui à l’Insertion Professionnelle des Jeunes Artisans,

-         du Projet de Soutien aux Activités Economiques des Groupements,

-          du Programme de Développement Communautaire avec son impact sur les travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre (HIMO) qui constituent entre autres, les grandes résultantes de notre stratégie.

-         Etc.

Toutes ces initiatives visant à améliorer l’employabilité des jeunes et à promouvoir l’auto-emploi, arrimées à un processus de recrutement massif et progressif des jeunes cadres dans les différentes sections de la Fonction Publique, ont permis d’offrir à notre jeunesse des milliers d’emplois.

Mesdames, Messieurs,

Il découle toutefois d’un diagnostic sans complaisance de la situation de l’emploi de notre pays que beaucoup d’efforts restent à fournir, malgré les efforts soutenus du gouvernement, si nous voulons faire de la promotion de l’emploi décent en faveur des jeunes une réalité partagée.

En effet, plusieurs défis qui constituent de véritables goulots d’étranglement restent à relever.

L’inadéquation emploi-formation constitue l’un des plus grands handicaps de l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi. Selon les données dignes de foi, environ 10.000 diplômés sortent chaque année des différents instituts, écoles et universités avec souvent des profils peu recherchés par le marché de l’emploi.

Il existe peu de formation de qualité dans les domaines   tels que les mines, la pêche, les BTP, etc. Il n’existe, pour ainsi dire, aucune ou alors très peu de structures de formation ouvertes aux nouveaux métiers comme le port, les chemins de fer, l’environnement, le pétrole, les télécommunications, etc.

La pression démographique est un autre défi de taille sur le chemin de l’insertion des jeunes. La population du Togo a été multipliée par quatre depuis 1960 avec les jeunes qui représentent 50%. Selon les démographes, à l’horizon 2050, le pays comptera environ seize (16) millions de jeunes. Il s’agit là d’une véritable bombe sociale à retardement du fait de la pression grandissante sur les services publics notamment la santé, l’éducation et l’emploi.

Par ailleurs, le secteur privé qui a pour vocation de prendre la relève de l’Etat en matière de création de la richesse et des emplois peine à jouer son rôle du fait des actions conjuguées de la dette intérieure, des contraintes fiscales et du climat d’affaires dont l’amélioration retient particulièrement l’attention du gouvernement.

A cela, il convient d’ajouter l’absence de mécanismes chargés de mener des études régulières sur l’emploi et de suivre la situation de ce dernier dans les entreprises.

Enfin, l’observatoire de la formation et de l’emploi n’est pas encore fonctionnel ; cette situation  impacte  négativement la compréhension de la dynamique d’ensemble du marché du travail et paralyse l’élaboration de politiques pertinentes.

Mesdames, Messieurs,

Ce détour est nécessaire car il vous permet aisément de réaliser la justesse et la pertinence de l’événement de ce jour. Le centre d’intérêt principal de cette journée est la discussion autour de l’agenda du travail décent pour les jeunes de notre pays et le partage des bonnes pratiques y relatives.

Vos échanges, organisés dans le cadre de panels axés sur des thématiques judicieusement choisies, constituent un atout considérable pour le gouvernement et les autres acteurs de l’emploi.

Un tel exercice ne peut mieux tomber, car l’emploi, requiert une approche holistique de par sa nature transversale. A cela, le gouvernement voudrait mettre en œuvre une panoplie de solutions pour tous les problèmes ci-dessus évoqués. Toutefois, nos différentes stratégies envisagées méritent d’être nourries par des apports divers et des contributions adéquates de tous les acteurs. Ainsi, la portée attendue des conclusions de vos échanges sera-t-elle, à coup sûr, les pépites qui donneront un éclat nouveau à nos documents fondamentaux en cours de révision.

Le gouvernement a un grand besoin de vos différentes expertises pour peaufiner son plan de stratégie nationale pour l’emploi des jeunes. De même, nos actions en perspective, notamment le Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes, le système de collecte des données de routine ainsi que l’organisation d’une enquête annuelle sur l’emploi et le sort des bénéficiaires des programme AIDE et PROVONAT dont le gouvernement dispose de schémas directeurs doivent être mesurées avant leur mise en œuvre à l’aune de vos analyses.

Nous comptons résoudre à terme l’épineuse problématique des compétences des jeunes par des curricula adaptées aux besoins du marché de l’emploi. Sur ce point également, votre contribution aux débats est vivement souhaitée.

Mesdames, Messieurs,

Je vous exhorte donc à vous impliquer totalement dans cet exercice qui constitue l’embryon  d’un cadre de concertation à mettre en place pour les différents acteurs qui interviennent sur le marché de l’emploi en vue d’améliorer la coordination et la synergie entre les institutions et les partenaires.

Il nous appartient tous de redoubler d’efforts et d’imagination pour que les moissons attendues soient à la hauteur de nos espérances. Le bonheur de tous et principalement celui des jeunes, à qui nous avons l’impérieux devoir de laisser un espace de vie dynamique, ouvert et prometteur, nous le recommande.

Sur cette note d’espoir et convaincu que nous partageons cette vision qu’il nous appartient de rendre réelle par notre capacité à nous surpasser, je déclare ouverts les travaux de la journée de l’emploi des jeunes.

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