Cédéao

La « trahison » de Moussa Dadis Camara

La Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a dénoncé lundi "les tueries brutales" et le risque de "nouvelle dictature" en Guinée, après le massacre fin septembre qui a fait plus de 150 morts selon l'ONU. En ouvrant lundi à Abuja une session spéciale sur la situation en Guinée dans un climat de pressions internationales sur le capitaine Moussa Dadis Camara, le président de la commission de la Cédéao, Mohamed ibn Chambas, a dénoncé une "militarisation du pays (la Guinée) caractérisée par l'usage arbitraire et irresponsable du pouvoir pour réprimer la population".

"Les tueries brutales de civils désarmés et sans défense le 28 septembre (...) ne sont que la continuation de la répression qui sévissait sous le régime du président Lansana Conté", mort en décembre 2008 après avoir régné d'une main de fer pendant 24 ans, a-t-il poursuivi."Si cette junte passe en force, elle va imposer une nouvelle dictature (...) La Cédéao et la communauté internationale sont aux côtés du peuple guinéen", a encore lancé M. Chambas.

"La Cédéao a été plus que trahie" par Camara qui (nous) avait promis de ne pas se présenter à la présidentielle, a de son côté déclaré le vice-ministre nigérian des affaires étrangères Bagudu Hirse.

La junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir au lendemain du décès de Lansana Conté, avait promis de ne pas participer aux élections générales fin 2009.

Des représentants de l'opposition guinéenne, invités à la réunion des ministres des Affaires étrangères ouest-africains, sont arrivés au Nigeria dimanche soir, conduit par l'ancien Premier ministre évincé Ahmed Tidiane Souare.

Evoquant la répression de la manifestation du 28 septembre, M. Souare a déclaré à son arrivée à l'aéroport: "Les blessures sur ma tête témoignent de ce qui s'est passé". "Ils nous ont frappés et tués. Plus de 200 personnes ont été tuées par la junte", a-t-il poursuivi, interrogé par la presse nigériane.

M. Souare conduit une délégation d'une vingtaine de personnes du monde politique et syndical.

"Le problème, ce n'est pas seulement Camara, c'est toute la junte, l'armée toute entière. Nous voulons le départ de la junte et la mise en place d'un pouvoir de transition. La communauté internationale doit nous aider", a déclaré Dibah Badiko, un dirigeant d'un parti d'opposition.

Jeudi dernier, Mohamed Ibn Chambas avait rencontré à Ouagadougou le président burkinabè Blaise Compaoré, le médiateur de l'organisation dans la crise guinéenne qui s'était rendu à Conakry, et demandé à la junte et à l'opposition d'entamer "un dialogue politique" à Ouagadougou.

Mais l'opposition guinéenne a posé plusieurs préalables, à commencer par le le départ du capitaine Camara et l'arrestation des responsables du massacre du 28 septembre.

La réunion d'Abuja s'est ouverte alors que Conakry ressemblait lundi à une ville morte suite à un mot d'ordre des syndicats guinéens appelant la population à rester chez elle.

Parallèlement, les pressions internationales se multiplient sur le capitaine Camara.

Dimanche le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping a estimé que le "processus" de sanctions contre la junte au pouvoir suivait "son cours", une semaine avant l'expiration de l'ultimatum fixé par l'UA pour que le capitaine Camara renonce à être candidat à la présidentielle de fin janvier.

Les Etats-Unis et la France ont par ailleurs conjointement réclamé samedi une "commission internationale d'enquête" sur le massacre du 28 septembre.

La Cédéao, qui a son siège à Abuja, compte 15 pays membres: huit francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Togo), cinq anglophones (Gambie, Ghana, Liberia, Nigeria et Sierra Leone) et deux lusophones (Cap Vert et Guinée-Bissau). La Mauritanie s'en est retirée en décembre 2000.

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