A 29 ans, la chanteuse togolaise Vanessa Woroun connaît enfin le succès. Radios et TV diffusent ses chansons à longueur de journée. Un an après avoir sorti son premier album solo, elle donne un concert live jeudi au Centre culturel français de Lomé. A quelques heures de ce rendez-vous important, l'artiste parle d'elle, de ses goût musicaux, de la religion et de la formation des jeunes artistes.
##S_B##Republicoftogo.com : D'où vient cette soudaine popularité ?
Vanessa Worou :
Je chante le quotidien qui parle de Dieu, de l'homme et de la nature. Ce sont des thèmes simples. Dieu est au centre de ma vie. Je le chante, pas à la manière du gospel européen mais, sur mon africanité, sur mon tam-tam. Ensuite les hommes avec leurs sentiments quotidiens, la haine, l'amour etc.. ; enfin la nature qui est une création de Dieu. Je fais du religieux en chantant l'homme et la nature, les fleurs, les arbres ect.. Je fais en sorte que tout le monde, le musulman, le chrétien, l'animiste se retrouve dans mes chansons.
Republicoftogo.com : Le titre de votre album est « EKE « . Quelle en est la signification ?
Vanessa Worrou :
« Eké » c'est du mina (ma langue maternelle) qui veut dire « un nouveau jour », « une nouvelle aube » qui s'est levée pour moi. Ce jour que j'attendais depuis ma naissanc. J'ai dû parcourir un long chemin, au moins dix ans de chŒur avant d'y arriver. J'ai travaillé avec King Messan, la feu Julie Akofa Akoussa, Dee Kwarel… C'est donc le plus grand jour de ma vie, ce jour où j'ai sorti l'album.
Republicoftogo.com : Vous entamez une carrière sur un marché déjà bien encombré au Togo. En quoi votre Œuvre se démarque-t-elle des autres artistes ?
Vanessa Worou :
Je pense que je me suis déjà démarquée d'abord par le nombre de titres de cet album, 14 titres ce n'est pas habituel. Secundo, j'ai eu une chance que beaucoup n'ont pas eu. J'ai été repérée le 14 juillet 2004 par l'ambassadeur de France d'alors, Alain Holleville, lorsque j'ai interprétée la Marseillaise à sa résidence.
C'est à cette occasion que lui et son épouse m'ont détecté et ont décidé de m'accompagner. Je pense être la première artiste togolaise à sortir un album à partir de l'ambassade de France, c'est déjà une démarcation. Tercio, je fais un style « Afro variété » qui est une rencontre du folklore togolais avec une touche classique et une petite touche de Jazz.
Republicoftogo.com : Le soutien du diplomate a été déterminant ?
Vanessa Worou :
Absolument ! Le couple Holleville a payé de sa poche pour m'aider. Catherine et Alain Holleville m'ont également aidé à avoir d'autres sponsors étrangers et avec le peu d'économie que j'avais, j'ai pu sortir cet album. Vraiment je leur rends hommage aujourd'hui.
Republicoftogo.com : Comment l'Etat peut-il concrètement aider les artistes togolais ?
Vanessa Worrou :
Un ministre de la Culture ne reste pas au bureau. Il faut qu'il descende sur le terrain pour vivre le quotidien des artistes. Il faut qu'il dispose d'une base de données des artistes sur toute l'étendue du territoire et qu'il connaisse les forces et les faiblesses de chacun d'eux. Il faut ensuite créer des centres d'orientation artistiques. Il y a des Togolais qui sont faits pour la musique, d'autres pour la peinture ou la sculpture. Le Togo doit savoir former des artistes de qualité.