Diplomatie

Panafricanisme d’action : la déclaration forte du Congrès de Lomé

Réunis à Lomé du 8 au 12 décembre 2025, représentants d’États africains, de pays abritant des communautés afrodescendantes, organisations de la diaspora, société, universitaires et partenaires internationaux ont adopté une déclaration structurante au terme du 9ᵉ Congrès panafricain, placé sous le thème du renouveau du panafricanisme et de la réforme des institutions multilatérales.

Un front panafricain pour changer les règles du jeu mondial © republicoftogo.com

Réunis à Lomé du 8 au 12 décembre 2025, représentants d’États africains, de pays abritant des communautés afrodescendantes, organisations de la diaspora, société, universitaires et partenaires internationaux ont adopté une déclaration structurante au terme du 9ᵉ Congrès panafricain, placé sous le thème du renouveau du panafricanisme et de la réforme des institutions multilatérales.

Le texte s’appuie sur les fondements historiques du panafricanisme et affirme la volonté de passer “d’une dynamique de conscience à une dynamique de résultats”. Les participants dénoncent une architecture internationale héritée de l’après-Seconde Guerre mondiale jugée défavorable à l’Afrique et appellent à “un ordre mondial plus juste, équilibré et représentatif”, conforme à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

La déclaration réaffirme le panafricanisme comme cadre stratégique d’unité et d’émancipation des Africains et Afrodescendants. Elle insiste sur l’ancrage dans des valeurs endogènes et la philosophie Ubuntu, et appelle à bâtir une “alliance panafricaine” capable de parler d’une voix concertée dans les forums internationaux, face aux crises sanitaires, climatiques, sécuritaires et économiques.

Les signataires exigent la reconnaissance formelle des crimes historiques (esclavage, traite, colonisation, apartheid, pillages) et demandent excuses officielles et processus de réparation “conformes au droit international”. Le Congrès soutient les démarches conjointes Union africaine–CARICOM et propose la création d’un Observatoire panafricain de la justice réparatrice et de la lutte contre le racisme, chargé de documenter, suivre et mobiliser.

La déclaration rappelle aussi l’importance de la Déclaration de Durban (2001) et pointe les formes contemporaines de discrimination, y compris le “racisme algorithmique”.

Réforme des institutions multilatérales

Le Congrès appelle à une réforme “profonde et urgente” du système multilatéral. Il réitère la position africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, en demandant l’application du Consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte (deux sièges permanents avec droit de veto et cinq non permanents).

Il encourage la création d’un mécanisme permanent de coordination multilatérale et des alliances transrégionales (afro-caribéennes, afro-latines et Sud-Sud), avec un dialogue renforcé avec des groupements comme les BRICS et le G20.

Autre axe fort : la “décolonisation de l’esprit”. Le texte appelle à des systèmes éducatifs afrocentriques et panafricanistes, à la valorisation des langues africaines et à la correction des “narratifs coloniaux”. La restitution des biens culturels est présentée comme un enjeu de souveraineté culturelle. La déclaration propose aussi de développer des archives numériques unifiées, des chaires panafricaines et des projets de plateformes universitaires panafricaines.

Sur le plan économique, la déclaration prône un développement “autocentré”, fondé sur la mobilisation des ressources endogènes et de l’épargne diasporique. Elle évoque des outils panafricains, comme une taxe de solidarité, des agences africaines de notation, voire une bourse africaine des matières premières, afin d’accélérer la transformation locale des ressources et réduire la vulnérabilité externe.

Les signataires rendent hommage au rôle historique des femmes dans les luttes de libération et demandent leur intégration effective, avec les jeunes, dans les processus décisionnels.

Pour éviter que les recommandations ne restent “au stade des intentions”, la déclaration prévoit un mécanisme de suivi inclusif et confie au Togo, pays hôte, une mission de coordination du suivi avec l’Union africaine. Elle annonce également la création d’un comité de suivi, l’idée d’une journée panafricaine de mémoire, et la tenue du Congrès tous les cinq ans, avec un bureau permanent.

Le 9ᵉ Congrès panafricain veut transformer le panafricanisme en levier diplomatique, culturel et économique, avec une exigence de cohérence, de coordination et de résultats mesurables.

Des recommandations appuyées par le président du Conseil du Togo, Faure Gnassingbé.

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