Le Ghana, première ex-colonie d'Afrique noire à accéder à l'indépendance il y a cinquante ans, s'apprête à célébrer cet anniversaire mardi en présence de plusieurs chefs d'Etat africains et de personnalités comme le chanteur américain Stevie Wonder. Le président nigérian Olusegun Obasanjo, invité d'honneur, le sud-africain Thabo Mbeki, le malien Amadou Toumani Touré ou le président zimbabwéen Robert Mugabe seront présents pour saluer dans ce pays de 22 millions d'habitants un modèle de stabilité.
Le président du Togo, Faure Gnassingbé, assistera également aux cérémonies. Le Togo, voisin immédiat du Ghana, partage avec ce pays bien plus que des relations d'amitié. Les populations sont souvent de la même ethnie.En l'absence de la reine d'Angleterre Elizabeth II, l'ancienne puissance coloniale sera représentée par le duc de Kent.
Classé 136e sur 177 pays par les Nations unies, le Ghana, se font rares, a toutefois su construire une solide pratique démocratique qui le met a priori à l'abri des bruits de bottes.
Les organisateurs des festivités ont invité tous les chefs d'Etat du continent et 17 d'entre eux auraient confirmé leur présence.
Plusieurs pourraient toutefois se faire représenter, à l'image du président rwandais Paul Kagame qui a dépêché pour l'événement son Premier ministre Bernard Makuza, selon une porte-parole rwandaise.
Le président de la Banque mondiale (BM) Paul Wolfowitz et le pasteur noir américain Jesse Jackson sont attendus dans la capitale ghanéenne tandis que la star du football brésilien, Pelé, a été invitée.
Les cérémonies devaient débuter lundi soir notamment avec la reconstitution historique des principaux événements de la journée du 5 mars 1957.
Un spectacle combinant feux d'artifice et lasers sera ensuite donné dans le parc Kwame Nkrumah, du nom du père de l'indépendance du Ghana (ex-Gold Coast britannique), a annoncé le ministre des Affaires étrangères Nana Akufo-Addo. Des veillées étaient prévues dans tout le pays pour la nuit de lundi à mardi.
Mardi, jour anniversaire, les festivités devaient débuter par une parade ponctuée des discours du président ghanéen et président en exercice de l'Union africaine (UA) John Kufuor et de son invité Olusegun Obasanjo. Une réception devait avoir lieu à la présidence ghanéenne.
Mardi et mercredi ont été décrétés jours fériés.
Le renversement de Kwame Nkrumah en 1966 avait donné le signal d'une série de coups d'Etat, dont le dernier, en 1981, a porté au pouvoir pour près de dix-neuf ans un officier de l'armée de l'air, Jerry Rawlings.
Deux des enfants de Nkrumah, Premier ministre au moment de l'indépendance puis président, assisteront aux festivités, mais pas Jerry Rawlings.
Elu démocratiquement en 1992, réélu en 1996, Rawlings n'a pas succombé à la tentation de modifier la Constitution pour s'accrocher au pouvoir et a laissé en 2000 la place à John Kufuor, qui effectue actuellement son second mandat.
"Le Ghana fait face à une corruption omniprésente à tous les niveaux, aux occasions manquées pour un progrès véritable, au népotisme, au tribalisme et à des cas avérés de meurtres et de torture (à caractère) politique", a déclaré l'ancien chef de l'Etat.
"Notre industrie tombe en ruines, notre éducation s'effondre et ceux qui cherchent à nous contrôler applaudissent notre façade de +bonne gouvernance+", a-t-il ajouté. "Je ne peux, en conséquence, me joindre à l'équipe de M. Kufuor pour cet anniversaire. Ma conscience et mes principes me l'interdisent".
Premier pays d'Afrique noire à accéder l'indépendance, le Ghana sera peut-être le berceau des Etats-Unis d'Afrique: le prochain sommet de l'Union africaine, prévu à Accra en juillet 2007, sera "exclusivement" consacré ce projet qui ne fait toutefois pas l'unanimité.