Diplomatie

Super Blaise !

Après la Côte d'Ivoire et le Togo, le président burkinabè Blaise Compaoré vient d'être nommé "facilitateur" dans la crise guinéenne, de quoi conforter sa réputation de médiateur en chef des crises en Afrique de l'Ouest. Avec le dossier guinéen, il "confirme qu'il a une certaine prestance dans le domaine de la médiation sous-régionale après les précédents ivoiriens et togolais", déclare Dieudonné Zoungrana, chef du desk politique au quotidien privé L'Observateur Paalga.

"Ca montre la marque de confiance de la Cédéao à l'égard de M. Compaoré. On peut dire que tous ses pairs sont unanimes qu'il a les capacités, qu'il peut être écouté", selon lui.La nomination du président Compaoré, 58 ans, au pouvoir depuis 22 ans, comme "facilitateur" de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) a été annoncé vendredi à Ouagadougou.

Il devra renouer le dialogue entre la junte, au pouvoir depuis le 23 décembre, et les "forces vives" (opposition, syndicats, société civile) après la sanglante répression lundi à Conakry d'une manifestation de l'opposition ayant fait "plus de 150 morts", selon une ONG guinéenne et l'ONU.

Les talents de médiateurs du président Compaoré remontent aux années 90, notamment après ses premiers succès au au Togo. Il s'implique ensuite dans la résolution des rébellions touarègues au Niger puis au Mali.

Il intervient aussi en Centrafrique pour résoudre la mutinerie de l'armée contre le président Ange Félix Patassé.

"Le président Compaoré est un homme pondéré, il a une capacité d'écoute hors pair. Il s'exprime rarement, mais c'est un homme qui sait qu'il sera écouté quand il ouvre la bouche même devant ses pairs", observe un diplomate africain en poste à Ouagadougou.

"Même si son pays n'est pas riche, le président Compaoré comprend qu'être opposant en Afrique est difficile. C'est pour cela qu'il a souvent accueilli des opposants. Il les a toujours soutenus en conseils mais aussi financièrement", assure le diplomate.

"Le président Compaoré connaît tous les acteurs politiques guinéens dont la plupart défilent ici", souligne Halidou Ouédraogo, président d'honneur de l'Union interafricaine des droits de l'homme (UIDH).

"Il faut quelqu'un qui puisse ramener (le chef de la junte Moussa) Dadis (Camara) à la raison et lui en est capable parce qu'il demeure un bon stratège militaire, une qualité que n'a, jusque-là, pas montré son jeune cadet guinéen", relève-t-il.

Le chef de la junte guinéenne, qui entretient de bonnes relations avec le président sénégalais Abdoulaye Wade, avait demandé mercredi "la désignation d'un sage président africain pour la médiation en Guinée".

Mais le chef d'Etat sénégalais "était disqualifié pour une quelconque médiation" en Guinée, affirme le journaliste de L'Observateur Paalga.

"M. Wade est partial parce qu'il s'est laissé prendre par les sentiments. Il appelle Dadis +mon fils+. Avec ça, il ne pouvait pas être un médiateur impartial", poursuit le journaliste.

"Même s'il a nuancé ces derniers jours sa position suite aux massacres de lundi, il a depuis le début perdu le rôle d'arbitre qu'il devait avoir", assure le journaliste.

 En photo : Blaise Compaoré en compagnie du secrétaire général de l'Onu il y a quelques jours à New York

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