Diplomatie

Victoire partagée : l'exemple togolais

Le Premier ministre togolais, Gilbert Houngbo (photo), s’est exprimé samedi en fin de journée à la tribune des Nations Unies au nom du chef de l’Etat qu’il représente à la 66e Assemblée générale de l’Onu.

Le PM a longuement évoqué la candidature du Togo à un siège non-permanent au Conseil de sécurité.

« S’il est élu, le Togo mettra l’accent sur la diplomatie préventive et le règlement pacifique des conflits qui ont depuis toujours constitué le socle de sa politique étrangère sans oublier la lutte contre les fléaux (…) ainsi que les nouvelles menaces à la paix et à sécurité internationales. Et c’est ensemble avec les autres Etats Membres du conseil, et grâce à votre soutien, que ces actions pourront être menées », a, notamment, déclaré M. Houngbo.

Il est également revenu sur l’évolution politique au Togo parlant de « victoire partagée » à propos de l’arrivée au gouvernement de ministres issus des rangs de l’opposition battue à l’élection présidentielle de 2010.

« Cette politique de victoire partagée avec les perdants, qui réussit si bien au Togo, pourra inspirer les pays confrontés aux violences post-électorales comme on en voit de plus en plus sur le continent africain », a-t-il souligné.

Le chef du gouvernement a également rappelé la politique d’ouverture et de concertation menée par le président Faure Gnassingbé qui a permis de relancer très récemment le Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation rénové (CPDC).

Abordant le conflit israélo-palestinien, sujet N°1 abordé lors de cette Assemblée générale, Gilbert Houngbo à invité les deux parties à reprendre les discussions et les négociations au plus vite.

« Israël et la Palestine doivent exister dans deux pays, aux frontières bien définies, dans la paix et la sécurité », a-t-il martelé.

Voici le discours prononcé par le Premier ministre togolais à la tribune des Nations Unies

AUDIO ANGLAIS ICI

Monsieur le Président,

Mon pays se félicite de votre élection pour diriger les travaux de cette 66ème session de l’Assemblée générale et je voudrais, au nom du Gouvernement et du peuple togolais ainsi qu’en mon nom propre, vous présenter nos vives félicitations. Nous vous souhaitons plein succès dans l`accomplissement de cette noble et exaltante mission.

Monsieur le Président,

Aujourd’hui plus que jamais, les défis  de notre planète, de plus en plus nombreux, appellent à une approche plus solidaire afin d`apporter une réponse mondiale efficiente à la hauteur des aspirations de nos peuples. Et, lorsque les dirigeants du monde, porteurs des ambitions des Nations, se retrouvent dans cette enceinte pour réfléchir sur les questions majeures de l’heure, c`est pour donner  à leurs populations  l’espoir de lendemains meilleurs. 

Monsieur le Président,

En vue de relever ces différents défis, le Togo s’emploie depuis quelques années à relancer  son économie au profit du bien-être 

de ses populations et du développement durable. En effet, nous avons fait  du renforcement de la cohésion nationale, de la bonne gouvernance démocratique, de la dynamisation des leviers économiques, du développement solidaire et du renforcement de la diplomatie,  notre cheval de bataille.

Sur le plan de la gouvernance politique, le Togo a, depuis les dernières élections présidentielles de mars 2010, opté pour une politique d’apaisement et de main tendue,  à travers la formation d’un gouvernement de large ouverture auquel participent les partis de l’opposition, la société civile et la diaspora. Cette avancée majeure a permis, entre autres, la décrispation de la situation politique et le retour d’un climat de confiance dans le pays. Cette politique de victoire partagée avec les perdants, qui réussit si bien au Togo, pourra inspirer les pays confrontés aux violences post-électorales comme on en voit de plus en plus sur le continent africain. 

Le gouvernement, dans sa volonté de consolider les acquis démocratiques, s’attèle à la mise en œuvre des recommandations de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne ainsi que des réformes institutionnelles et constitutionnelles prévues par l’Accord Politique Global et dans la perspective des élections locales et législatives qui auront lieu en 2012.

A cet égard, et fidèle à cette politique d’ouverture et de concertation initiée par le Chef de l`Etat, le gouvernement a renoué le dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux à travers le mécanisme du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation rénové afin de poursuivre les discussions sur tous les sujets qui concernent la gestion des affaires de la cité.

La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), mise en place il y a deux ans et dont la mission est de favoriser la réconciliation nationale, est présentement à la phase cruciale des audiences publiques ou in camera, au choix du témoin. 

Dans le domaine des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le Gouvernement Togolais s’est engagé à accroître les capacités de l’Etat à assurer la protection des personnes et des biens, à garantir les libertés fondamentales et à protéger ainsi la jeune démocratie togolaise des risques de repli identitaire et de l’instrumentalisation des différences. 

C’est dans cette optique que le Togo vient de transmettre aux instances du Conseil des Droits de l’Homme à Genève son rapport national dans le cadre de l’Examen Périodique Universel qui aura lieu en octobre 2011. Le Togo réaffirme ici sa détermination à respecter ses engagements internationaux et continuera à lutter contre toutes sortes de violations des Droits de l`homme et à sévir contre leurs auteurs. 

Mon pays poursuivra donc sans relâche l’œuvre engagée en vue de consolider les acquis de la démocratie et de la paix, tout en consacrant davantage ses efforts  à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). 

Dans le domaine de la gouvernance économique, le Gouvernement Togolais a pris des mesures nécessaires pour la mise en œuvre efficace de son programme de réformes. Ces mesures portent, entre autres, sur la gestion saine des finances publiques, la réforme des secteurs financiers avec la privatisation des banques publiques, la mise en place de la cour des comptes et  l’adoption d’un code des marchés publics qui instaurent des règles de transparence. 

Le vaste programme d’assainissement et de réhabilitation des infrastructures routières, en cours sur toute l’étendue du territoire national, est une illustration de la mise en œuvre effective de cette réforme. C’est le lieu pour moi de remercier au nom du peuple togolais et de son gouvernement tous les partenaires qui nous accompagnent dans ce processus de meilleure gouvernance.

Monsieur le Président, 

Nous sommes ici au moment où l’Afrique est de nouveau menacée par une famine telle qu'elle n'en avait pas connue depuis une vingtaine d'années. Tous les pays ainsi que les Nations Unies doivent prendre des mesures urgentes pour faire face à cette situation exceptionnelle si nous voulons éviter une tragédie humanitaire à grande échelle. 

S’agissant de la résolution des conflits et de la promotion de la paix et de la sécurité  dans le monde,  qui est le thème de la présente session, il est réconfortant de constater que des progrès importants ont été enregistrés notamment en Afrique avec la restauration de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Côte d’Ivoire qui ont permis le redémarrage des activités sociales, politiques et économiques, ce dont nous nous félicitons.

La résolution pacifique du long conflit du Soudan du Sud, pays  qui est devenu aujourd’hui le 193ème Etat Membre de notre organisation, nous donne raison d’espérer que tout conflit peut trouver une solution acceptable et durable, pour peu que les parties concernées œuvrent, de bonne foi, à la réalisation de cet objectif.

Au moment où cette session se déroule, certaines parties du monde, notamment en Afrique, continuent de faire face à des vagues de manifestations et de soulèvements. Ces mouvements, légitimes contribuent à l’épanouissement démocratique des peuples concernés. Toutefois le processus doit être conduit de façon à ne pas créer de nouvelles zones de tensions préjudiciables à la paix et à la cohésion nationales. Le dialogue et la concertation doivent être privilégies pour trouver des solutions  idoines aux crises nées de ces soulèvements. 

Ceci nous semble vrai pour tous les conflits car nous estimons qu’en dehors de la négociation aucune solution durable n`est possible. C`est pourquoi mon pays croit fermement, s`agissant du Moyen-Orient, que les parties au conflit israélo-palestinien et la communauté internationale doivent continuer de rechercher une solution politique à ce vieux conflit en reprenant les discussions et négociations là où elles se sont arrêtées. Le Moyen-Orient doit connaitre la paix, Israël et la Palestine doivent exister dans deux pays, aux frontières bien définies,  dans la paix et la sécurité. Nous savons que cela est possible et que le chemin pour y parvenir n`est plus long. 

Monsieur le Président, 

En dépit des multiples actions et la détermination des Nations Unies à éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes, ce fléau gagne de plus en plus de terrain et compromet les chances de construction d’un monde de paix et de sécurité.  

En cette année où nous commémorons le 10ème anniversaire des tristes attentats terroristes du 11 septembre 2001, la communauté internationale et tous les Etats  devront continuer de travailler en synergie afin que l’humanité ne connaisse plus jamais des attaques aveugles et barbares de ce  genre ainsi que de celles dont ont été récemment victimes la population pacifique de la Norvège et le siège des Nations Unies à Abuja au Nigéria.

Monsieur le Président,

Les  crises et conflits, les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, telles que la piraterie maritime, la cybercriminalité et le trafic de drogue, qui sapent les efforts de consolidation de la paix dans le monde, doivent  interpeller davantage la communauté internationale en l’amenant à  repenser le rôle des Nations Unies dans le contexte de la sécurité et du développement économique et social. 

Au moment où la sous-région ouest-africaine connait un regain de violence dû  au trafic de drogue et au terrorisme ambiant, l`on ne saurait admettre que nos côtes soient  prises en otage par des pirates comme c’est le cas récemment dans les eaux aux larges du Benin et du Togo.  J’en appelle à une coopération plus étroite entre tous les pays afin de  combattre efficacement ce nouveau phénomène. 

Monsieur le Président,

Je disais tantôt qu`il fallait repenser le rôle de l`ONU car s`il est de notoriété que rien ne peut remplacer les Nations Unies, il est tout aussi vrai que, 65 ans après sa création,  cette organisation a besoin d`être reformée. C’est pourquoi mon pays invite les autres Etats Membres à poursuivre et parachever le processus de réforme du Conseil de sécurité entamé depuis plus de quinze ans déjà. 

A l’instar de la majorité des Etats Membres, le Togo espère que la présente session de notre Assemblée nous donnera l’occasion de prendre des actes décisifs concernant cette réforme. Ce faisant, nous pourrions corriger les injustices flagrantes et inacceptables faites à certains continents, comme l’Afrique, et permettre au Conseil de sécurité d’être plus représentatif de toutes les régions du monde et, par voie de conséquence, plus à même de régler les crises et les conflits qui nous  confrontent. 

Monsieur le Président,

Dans le cadre du processus de renouvellement des membres non-permanents du Conseil de sécurité, notre Assemblée procédera, le 13 octobre  prochain, à l’élection de cinq nouveaux membres non-permanents du Conseil, en remplacement  de ceux  dont le mandat  prendra fin le 31 décembre 2011.

Mon pays, le Togo, figure parmi les candidats du Groupe des Etats d’Afrique qui solliciteront les suffrages des Etats membres à l’occasion de ces élections.

Contrairement à la  pratique observée jusqu`ici au niveau de l’Afrique,  s’agissant des élections au Conseil de sécurité, trois candidats sont en lice cette année pour briguer les deux sièges qui reviennent au continent africain.

Certes, le Togo, dont la candidature bénéficie de l’endossement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union Africaine, attache une grande importance au droit souverain qu’a chaque Etat membre de postuler à un siège au sein de tous les organes des Nations Unies. Toutefois,  je voudrais inviter chacune des délégations à garder présente à l’esprit la nécessité de voir émerger, à la suite des élections, un Conseil de sécurité équilibré et représentatif de toutes les  grandes régions de notre continent et du monde.

Mon pays, qui depuis de nombreuses années, participe aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et qui est actuellement engagé dans les missions en Côte d’Ivoire et au Soudan, souhaite siéger au Conseil de sécurité en vue d’apporter sa contribution, si modeste soit-elle, aux travaux de cet organe responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

S’il y était élu, le Togo mettrait l’accent sur la diplomatie préventive et le règlement pacifique des conflits qui ont depuis toujours constitué le socle de sa politique étrangère sans oublier la lutte contre les fléaux que nous avons mentionnés plus haut  ainsi que les nouvelles menaces à la paix et à sécurité internationales. Et c’est ensemble avec les autres Etats Membres du conseil, et grâce à votre soutien, que ces actions pourront être menées. 

Cette noble ambition que nourrit donc le Togo ne saurait se réaliser sans l’appui de vos délégations  à sa  candidature.

Je formule l’espoir que tous les Etats membres voudront bien apporter leur précieux soutien à cette candidature, et je tiens d’ores et déjà à leur exprimer nos vifs remerciements.  

Je vous remercie.

ECOUTER L'INTERVIEW DE GILBERT HOUNGBO SUR RADIO ONU

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