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Un gouvernement new look ?

« Après 20 ans d’opposition frontale et radicale sans grand succès, le parti se doit de tirer des leçons de sa logique de «jusqu’auboutisme», écrit mardi L’Union à propos de l’échec de l’UFC à la présidentielle. Pour le journal, la présence de ministres UFC dans le nouveau gouvernement est une possibilité à laquelle serait favorable de nombreux cadres de l’UFC lassés d’être les acteurs d’une opposition stérile.
Voici une sélection d’articles publiés mardi par L’Union

Verbatim
La maturité des opposants
Samedi dernier, les responsables du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (Frac) ont appelé leurs militants à une marche de contestation des résultats définitifs du scrutin présidentiel du 04 mars proclamés par la Cour Constitutionnelle. Ils étaient des milliers à répondre à ce mot d’ordre que les responsables des formations politiques appartenant au front ont placé sous le signe de la revendication de la « victoire » de leur candidat, M. Jean-Pierre Fabre de l’Union des Forces du Changement (Ufc).
Au cours de ce meeting, démarré par une marche à Bè, le fief de l’opposition à Lomé, et qui a eu pour chute la plage en face de l’Hôtel Ibis, beaucoup d’interventions ont meublé l’événement. Globalement, les responsables du Frac ont lancé des appels pour revendiquer la victoire de leur candidat Jean-Pierre Fabre et demandé à leurs militants de rester mobiliser pour obtenir le pouvoir.
Rien de surprenant à cela, car, notre loi fondamentale et notre code électoral disposent aux candidats de réfuter les résultats et d’utiliser des moyens légaux telle que la rue pour se faire entendre. Seulement, la façon de mener la lutte pose des problèmes sérieux. A ce titre, certaines interventions ont choqué plus d’un.
Et cela a suscité une réaction du ministère de la Sécurité signée du patron, le Colonel Mohamed Atcha Titikpina. " Au point de chute de la marche à la plage et au cours de leur meeting, les responsables politiques à l’instar de Jean-Pierre Fabre, Agbéyomé Kodjo, Dahuku Péré, Patrick Lawson et Aimé Gogué prenant tour à tour la parole ont appelé à méconnaître la légitimité du nouveau président élu incitant la population à la violence et aux actes de vandalisme en dépit du climat totalement apaisé des hautes observations nationales et étrangères qui ont caractérisé tout le processus électoral." peut-on lire. On peut noter, entre autres cette phrase du Président du Parti Socialiste pour le Renouveau (Psr), M. Dahuku Péré : "nous avons juré d’aller jusqu’au bout, et nous irons jusqu’au bout; nous sommes prêts à verser notre sang pour que le Togo soit libre." lançait-il.
En temps normal, tenant compte des expériences passées, ces propos engendreraient, disons, pousseraient les manifestants à des actes de provocations, de vandalisme, de casse, bref, de violences. Fort heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. Personne n’a provoqué personne ; personne n’a agressé personne ; personne n’a rien cassé. Les pavés sont restés intacts, les vitrines n’ont pas été touchées. Et la vie a repris son cours normal une fois la manifestation terminée. Cet acte civique a été salué par tous. Le communiqué du ministre de la Sécurité l’a évoqué en ces termes : " Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile se réjouit du retrait dans le plus grand calme de la foule signe de sa désapprobation au mot d’ordre lancé et de son entière adhésion au climat de paix et de sécurité cher à tous les togolais."
Au-delà de cette conduite exemplaire, il faut noter le ton apaisant, malgré tout, du Vice-président de l’Ufc, M. Patrick Lawson : " Dites à nos jeunes, dites à nos femmes, aucun pavé ne sera lancé, aucun feu ne sera allumé. Mais si cela doit arriver, cela va d’abord commencer par nous les dirigeants, c’est nous les premiers dirigeants qui allons d’abord lancer des cailloux, mais pas vous." Voilà qui peut rassurer les autorités et les populations que le scrutin présidentiel 2010 sera sans violences. En tout cas, c’est ce qui transparaît dans la volonté affichée par les uns et les autres. Et venant des opposants, c’est leur maturité qui est à saluer.

Résultats de la présidentielle de 2010
Les Etats-Unis s’alignent à leur tour
C’est par un communiqué de sa représentation diplomatique à Lomé que le pouvoir de Barack Obama s’aligne derrière la position déjà exprimée par la France de Nicolas Sarkozy et la Commission européenne de José Manuel Barroso. «Le Gouvernement des Etats-Unis a pris acte de la proclamation par la Cour Constitutionnelle des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 4 mars au Togo…et félicite le Président Faure Gnassingbé pour sa réélection», indique le texte.
Et d’ajouter que «même si l’élection présidentielle a été relativement crédible et non violente, elle constitue juste une étape sur la voie de la démocratie et de la prospérité économique». Autrement, une invite au gouvernement qui doit continuer á faire de profondes réformes démocratiques et économiques afin de permettre au Togo de suivre l’exemple de ses voisins comme le Burkina Faso, le Bénin, et le Ghana en tant que démocratie stable en Afrique de l’Ouest.
Qu’à cela ne tienne, les Etats-Unis saluent «le comportement responsable du peuple togolais et le pas encourageant qu’il a fait vers une démocratie plus inclusive», en dépit de plusieurs irrégularités sérieuses constatées durant la période de la campagne et le jour d’élection, selon les observateurs nationaux et internationaux. Lesquelles irrégularités n’avaient pas eu d’impact déterminant sur le résultat d’ensemble de l’élection. «Le respect du processus électoral tel que régi par la Constitution et le Code Electoral togolais doit être observé par tous les partis politiques et leurs membres», conseille le gouvernement américain.
Au finish, les Etats-Unis exhortent les leaders politiques togolais à tourner le dos aux vieux démons du passé, et à mettre en œuvre d’importantes réformes politiques pouvant aboutir á une réconciliation complète. Toutes les figures de la société togolaise, gouvernement, partis politiques et population compris, doivent être les acteurs incontournables de ce processus.
En rappel, dès le soir de la proclamation définitive des résultats par la Cour constitutionnelle, le président français et le président de la Commission de l’Union européenne ont salué la victoire du président sortant.

Suite aux dysfonctionnements et à la débâcle du 4 mars
Gilchrist veut remettre Fabre et Cie à leur place

Le désordre aura assez duré. Et de surcroît en la présence du président national. Pour avoir court-circuité la candidature de leur chef à la présidentielle du 4 mars dernier, Jean-Pierre Fabre et Patrick Lawson, pilotés à vu par le Breton Kofi Yamgnane, croient avoir anéanti et enterré Gilchrist Olympio, leur supérieur de toujours. Plutôt atterré par la manœuvre de ses garçons, et bouillonnant, l’unique opposant togolais attendait l’heure de cracher sa lave. Et c’est vite arrivé.
Dans précisément un mois (dixit Gilchrist) aura lieu la rencontre de tous les risques au sein de l’Union des forces de changement (UFC), principal challenger du pouvoir. La nouvelle est contenue dans une correspondance du président national adressée au cours du week-end aux Vice-présidents, au Secrétaire général, aux Conseillers, aux Trésoriers, aux Secrétaires nationaux, au Délégué National à la Jeunesse, à la Déléguée Nationale des Femmes, tous convoqués à un Comité politique spécial. Avec seulement deux points très précis à l’ordre du jour : L’élection présidentielle du 4 mars 2010, et le renforcement du Secrétariat Général du Parti. Pourquoi le Secrétariat général, et non la présidence nationale ?
L’affront fait à Gilchrist
Pendant qu’il gérait encore la rue, avec des badauds et des jeunes désœuvrés et manipulés, pour, affirme-t-il, «récupérer» la victoire dont il a été «spolié», les commentaires sont vite allés pour dire que Jean-Pierre Fabre, en sa qualité de secrétaire général de l’UFC, devra sous peu regretter d’avoir spolié lui aussi son président du leadership du parti. Sans en avoir été régulièrement conféré des pouvoirs, il va jusqu’à exclure du parti Jean-Claude Homawoo, le conseiller-cabinet de Gilchrist Olympio, Sans le consentement de ce dernier. Ce qu’il qualifie de décision révélant «une grave lacune et un sérieux dysfonctionnement que je tiens à corriger». Pour cela, M. Olympio tient «personnellement, ou par un représentant dûment désigné» à présider les instances du parti au Comité politique spécial.
Jusqu’à preuve du contraire, et sans les décisions d’un congrès dûment convoqué, Gilchrist Olympio détient les rennes du pouvoir UFC. «Comme le disent si bien les statuts, les vice-présidents ne sont que les mandataires du président national qui délègue soit tout ou partie des pouvoirs qui lui sont conférés par le congrès national», explique Jean-Claude Homawoo, l’exclu réhabilité du parti. Et à ce titre, ajoute-t-il, «il est vrai que pour la gestion quotidienne du parti, le 1er vice-président et le secrétaire général ont ce pouvoir».
Mais, précise M. Homawoo, «les décisions importantes ne peuvent avoir cette valeur que si elles ont l’aval du président national». Comme l’exclusion d’un cadre du parti. Ou même le choix de lancer le parti et ses militants dans une résistance annoncée dans la rue et sur tous les médias contre le pouvoir en place. «Il n’y a pas deux chefs à la tête de l’UFC, et Gilchrist demeure le président national», conclut M. Homawoo.
La rencontre de tous les risques
Quelques jaloux de son poste avancent tout de go qu’en termes de «renforcement du Secrétariat général», l’on peut craindre que Jean-Pierre Fabre ne soit associé à ce poste avec un autre cadre. Ou même déclassé et mis au poste adjoint. Au regard des textes, il est évident que M. Fabre et son colistier Patrick Lawson ont vite fait de piétiner le vieux. Qui rappelle : «Je tiens à attirer votre attention sur les faits suivants: le Président du Bureau National est le Premier Responsable du Parti (article 28 des Statuts). En outre, il préside tous les organes du Parti, tels que issus du dernier Congrès, notamment, le Congrès National, le Conseil National, le Comité Politique, et il veille tout particulièrement à l’exécution des décisions du Congrès. Depuis quelques semaines, des décisions extrêmement importantes ont été prises sans mon avis ni mon consentement».
Il est très certain que des œufs seront cassés pour que l’omelette se fasse. Si le renforcement du Secrétariat général vise à préparer un remplaçant au président national qui prend de l’âge, il est fort possible que la personne de Jean-Pierre Fabre soit évitée. Histoire de vite régler quelques comptes, et d’atténuer les ardeurs malhonnêtes d’un adjoint.
Ce qui ne manquera pas de révolter des sympathisants de Fabre. L’homme vient de goûter aux honneurs et, un temps, s’imaginait dans la peau d’un chef d’Etat. Il n’est pas prêt à lâcher prise. Même si, surplace, il ne fait pas l’unanimité au sein du parti, au regard des rapports avec des cadres et l’étendue du parti par rapport à son expérience. On peut déjà craindre le crash si Fabre et les nouveaux maîtres de la rue poussent le bouchon en n’acceptant plus le diktat du Vieux. Des bombes humaines sont préparées pour réserver un accueil chaleureux à Fo Gil en qui on fait voire l’autre source de l’échec, voire de la bérézina.

Après les prochaines assises de l’UFC
Une collaboration UFC-RPT à envisager

La débâcle à la présidentielle du 4 mars 2010 s’impose aux cadres les plus réalistes de l’Union des forces de changement (UFC). Les résultats corrigés et définitifs rendus publics jeudi dernier par la Cour constitutionnelle attribuent 33,93% de voix au parti pour un électorat de 692.554. Soit une régression de près de 300.000 voix par rapport aux législatives de 2007, qui se traduit par une progression d’à peu près le même nombre de voix pour le Rassemblement du peuple togolais (RPT, son principal challenger).
On se refuse à l’avouer, mais le parti au pouvoir a fait des percées dans les zones traditionnelles de l’opposition. Il pourra en être davantage pour les législatives de 2012. Et peut-être pire à la présidentielle de 2015 si l’UFC ne se ressaisit point. D’où le choix de débattre du sujet à un Comité politique spécial annoncé par le président du parti, Gilchrist Olympio.
S’étant momentanément retiré de la scène après l’échec de sa candidature, l’opposant a eu le temps de prendre la mesure du déclin de sa formation.
A l’opposé de ses lieutenants qui prônent la «résistance» – et bientôt la violence – pour «récupérer» une hypothétique victoire du 4 mars. «L’essentiel à mon avis est de s’asseoir et analyser les faiblesses ou difficultés. Il y en a eu, et il n’y a pas lieu de se morfondre, et de voir les lacunes qui ont fait que les résultats attendus n’ont pas été atteints», admet à juste titre Jean-Claude Homawoo en sa qualité de représentant de l’UFC et vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et ayant suivi de bout en bout l’organisation du scrutin présidentiel jusqu’à la proclamation de ses résultats provisoires.
Après près de 20 ans d’opposition frontale et radicale sans grand succès, le parti se doit de tirer des leçons de sa logique de «jusqu’auboutisme».
Il demeure encore le seul et unique challenger du RPT. A 2,95% de voix de l’électorat togolais aujourd’hui, la troisième force politique, le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de l’ancien Premier ministre Yawovi Agboyibo, est plus que consciente qu’elle ne pourra refaire le chemin de sa popularité d’antan. Et si l’Union des forces de changement en venait à suivre l’exemple éloquent du CAR, il n’y a pas de doute que, démocratiquement, le pouvoir en place occupera tout seul la scène politique…pour des décennies encore.
Pour l’instant, comme dans un jogging de fin de semaine, les jeunes lieutenants de Gilchrist Olympio, au chant rythmé des moins populaires du PSR, Alliance, OBUTS, ADDI, Sursaut-Togo, s’invitent les samedis pour un parcours des artères de la capitale. Dans un scénario identique Bè Kodjindji à la plage de l’hôtel Palm Beach pour revendiquer victoire, alors que la Cour constitutionnelle a définitivement clos le débat électoral. Ils en ont encore pour un mois pour tester la résistance de certains militants. Pour, enfin, leur avouer la défaite du parti.
Pour faire peau neuve, et s’opposer autrement, on envisage au sein du parti une probable collaboration avec le pouvoir. «Si le pouvoir le permet, nous pouvons être aussi une opposition de collaboration, une opposition de travail, une opposition de suggestions», déclare Jean-Claude Homawoo, conseiller et proche de M. Olympio.
Le parti veut se départir de son «opposition frontale, de la politique politicienne». La participation de Agboyibo et de Léopold Gnininvi au gouvernement d’union de septembre 2006 leur a valu les rangs qu’ils occupent aujourd’hui (2,95 et 0,65%). Qu’en sera-t-il pour l’UFC ? Des députés du parti ne refusent pas systématiquement cette approche, même s’ils n’ont pas droit à la parole. Comme si on se copiait !
En rappel, le parti avait été approché par le passé et tout a capoté par la volonté de Fo Gil. Certainement que les prochaines consultations nous réservent le mystère.

Pour la cause de sa résistance
L’UFC se découvre sa vraie nature

C’est à croire qu’ils sont devenus fous, dressés pour s’attaquer aux cibles désignées par le parti. Les militants débarquent aux manifestations bourrés et chargés. Et cela commence par sérieusement inquiéter les autorités chargées de la sécurité et de la protection civile par rapport aux propos que tiennent les responsables de l’Union des forces de changement (UFC) et les minuscules partis qui la soutiennent. On savait déjà que des propos en privé et en réunion sont des consignes à exécuter par des militants.
Samedi matin, près d’une vingtaine d’hommes et de femmes, certains portant l’uniforme du parti, sont allés rendre une visite de «courtoisie» à Jean-Claude Homawoo, conseiller-cabinet du président de l’UFC. En train de vociférer, d’insulter et de crier, ils avaient pour mission de lui signifier qu’il est «un salaud, fils de chien», que sa peau est mise à prix.
«Et d’ailleurs, ça ne fait que commencer, nous serons là tous les jours pour toi, tu finiras par cracher le morceau, tu es un voyou», ont-ils prévenu avant de disparaître et de retourner au siège. Une situation que l’intéressé prend avec philosophie et sans froid.
«Je ne pouvais pas penser que l’UFC soit devenue cela. C’est vrai que l’UFC n’est plus l’UFC. Vous savez, les militants sont toujours disponibles, et surtout les militants de l’UFC. Tout dépend de ce qu’on leur raconte. Si vous leur dites que c’est à cause de Homawoo que nous n’avons pas gagné les élections, ils vont aller demander à Homawoo et lui exprimer leur mécontentement. C’est clair, net et précis. Ça veut dire qu’on leur a dit que c’est Homawoo qui est l’auteur de la bérézina que l’UFC a connue», a déclaré le représentant du parti à la Commission électorale. Ce proche de Gilchrist Olympio a commis le péché de représenter fidèlement son parti à la Commission électorale dont il est également le vice-président, et d’avoir organisé et suivi jusqu’au bout des résultats que l’UFC conteste.
Sa caution donnée au processus électoral – avec avis favorable du président du parti – lui vaut aujourd’hui que Jean-Pierre Fabre et compagnie lui expédient des militants dressés pour la tâche.
Il ne fait point de doute que le parti piloté aujourd’hui par Fabre et Patrick Lawson est devenu un cas public. Il se pose la question de savoir si les dirigeants actuels ont la maîtrise de… que ce qu’ils prétendent de leur président Gilchrist Olympio. Après avoir fait des journalistes l’une de leurs cibles, ils sont montés en grade. Dans leurs meetings publics, ils lancent des appels à la violence et aux actes de vandalismes, d’après les observations du ministère de la Sécurité.
Ce que l’autorité s’est surpassée pour éviter jusque-là. Tout en brandissant la menace de la loi contre les auteurs des incitations, le ministère de la Sécurité se félicite pour le moment de la bonne tenue des militants. Mais les samedis des manifestations qui vont suivre appellent à la vigilance.

Pour combattre les travaux inachevés ou mal exécutés
Un cadre juridique de la maîtrise d’ouvrage déléguée en projet
«Sur le plan de la qualité, les bureaux d’étude et de contrôle qui seraient défaillants dans le contrôle scrupuleux des travaux sont considérés comme des complices éventuels des insuffisances qui seraient constatées. Il y a des défauts qui étaient constatés et qui ne sont pas dûment relevés par les bureaux de contrôle et donc je les tiens comme des complices des entreprises. Quant à vous, les entreprises de réalisation de ces travaux, ne comptez pas sur les pluies pour être des recours : vous réalisez mal les travaux et vous vous dites que comme la pluie viendra tout ravager, on va dire que c’est la pluie qui a détruit les travaux, alors que les travaux ont été mal faits. Il m’est arrivé de constater que les entreprises, sur le terrain, ont mobilisé les populations, parfois comme des ouvriers sur leurs chantiers, ont effectué les travaux et ont détalé sans payer convenablement les gens qui ont été recrutés comme contractuels sur le terrain. Travaillez en bonne intelligence avec les populations.
En coordination avec le ministère des Travaux publics notamment la direction des pistes rurales et le ministère de l’Agriculture, nous allons suivre attentivement l’évolution des travaux. Je suis parmi les défenseurs de l’entreprenariat togolais, mais je suis également partisan de ceux qui estiment que lorsqu’on a donné sa chance à une entreprise, une, deux ou trois fois, et que la qualité de la prestation n’est pas au rendez-vous, il faut être honnête et dans l’intérêt général disqualifier cette entreprise ou ce bureau de contrôle pour la prochaine fois. Ne soyez pas complaisant avec la qualité, moi je ne serai pas complaisant avec le contrôle». C’est le speech improvisé du ministre Gilbert Bawara courant décembre 2009, face aux entreprises de travaux publics intervenant dans les zones de café/cacao et coton.
Et le Premier ministre Gilbert Houngbo de lever l’autre voile, au moment de présenter le bilan 2005-2010 du Chef de l’Etat : des gens font déplacer nuitamment les engins d’un chantier à un autre parce qu’ils ont appris qu’un contrôle se fera le lendemain.
Jusque-là, les récriminations des populations, premières bénéficiaires des pistes rurales, étaient réelles. En réalité, l’intervention de l’Ordonnateur principal des fonds FED annonçait une prise de conscience du gouvernement togolais qui décèle que toutes les entreprises qui gagnent les marchés n’ont pas toujours ce qu’il faut : statut de l’entreprise, moyens matériels et humains. Aujourd’hui, le marché important de la reconstruction de la route Aflao-Rond Point du Port est gagné par une société béninoise. Ailleurs, le prestataire local gagne le marché avant de rechercher les matériels d’exécution.
De sources proches du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, un projet de décret portant délégation de maîtrise d’ouvrage public au Togo est imminent. Le texte entend créer le cadre juridique d’exercice de la maîtrise d’ouvrage délégué. La maîtrise d’ouvrage public, lui-même, étant défini par rapport à la mission de service public pour l’exécution de laquelle l’ouvrage ou l’étude est réalisée ; ce qui permet d’englober l’ensemble des ouvrages publics. Ainsi, pour exercer les activités de maîtrise d’ouvrage délégué, il faut être une personne morale de droit privé ayant statut de société anonyme avec conseil d’administration, dont la maîtrise d’ouvrage délégué entre dans l’objet social et dont le capital social est entièrement togolais, être une personne morale de droit public dans les limites fixées par les statuts. Il faut aussi être capable, agréé et avoir été sélectionné. De quoi se souvenir de l’ordre qui est désormais établi dans la prestation des commissaires aux comptes dans les entreprises publiques.
Le gouvernement veut donc combattre –du moins, par les textes– la corruption liée à l’attribution des marchés publics et qui a pour conséquence directe des travaux inachevés ou mal exécutés. Lesquels travaux sont refinancés et gagnés par les mêmes prestataires. Il s’agira, du coup, pour les concitoyens de faire valoir leurs compétences dans la passation des marchés, le suivi évaluation des projets. Et, pour l’Autorité, de favoriser l’absorption des crédits mis à la disposition du Togo par les bailleurs de fonds. Car, malheureusement, les délais d’exécution des travaux sont anormalement longs, faute de structures spécialisées et maîtrisant aussi les procédures propres aux partenaires.
Le prochain cadre juridique précisera les relations devant exister entre autorités publiques (maître d’ouvrage) et les diverses unités prestataires de services (maître d’ouvrage délégué, maître d’œuvre et conducteur d’opération), l’organisation et la mise en œuvre des contrôles que ces autorités doivent exercer sur leurs contractants, dès lors que les fonds publics sont engagés. Autrement, les modalités d’exercice de la maîtrise d’ouvrage public, la constitution et l’exécution de la convention de délégation de maîtrise d’ouvrage, les obligations des parties à cette convention, la qualité et le contenu de la mission du maître d’œuvre, etc. Tout ceci conformément aux exigences de l’UEMOA et des bailleurs de fonds.
En exemple, l’agrément est délivré par arrêté conjoint de six ministres, après avis d’une commission interministérielle. Il a une durée indéterminée et peut être suspendu ou retiré en cas de faute lourde de la part de son titulaire. La convention de délégation de maîtrise d’ouvrage doit prévoir, sous peine de nullité, la décision de réalisation de l’ouvrage ou de l’étude, sa description et son délai d’exécution, le mode de financement de l’ouvrage et les conditions de versement d’avances au maître d’ouvrage délégué, les modalités du contrôle technique, financier et comptable délégué aux différentes phases, les modalités de réception de l’ouvrage et de sa mise à la disposition du maître d’ouvrage public, etc. Le maître d’œuvre est choisi compte tenu de l’importance des travaux, selon les procédures et les seuils suivants : procédure de gré à gré pour les projets pour lesquels la rémunération du maître d’œuvre est inférieure à 10 millions FCfa, appel d’offres ouvert pour les projets pour lesquels la rémunération du maître d’œuvre est supérieure à 10 millions FCfa. L’exercice de l’activité de conducteur d’opération est subordonné à l’inscription préalable sur la liste d’agrément établie une fois tous les deux ans.
Il reste seulement que tout ne soit limité aux belles vertus des textes. L’effectivité du cadre, dans le cadre de l’ambitieux chantier des réformes, sera l’un des baromètres du second quinquennat du pouvoir de Faure Gnassingbé.

Transport aérien
Asky cherche 60 milliards Cfa dans le privé

Des investisseurs privés prendront des actions dans le capital de la compagnie aérienne African Sky (Asky), au terme d’une opération de souscription en cours jusqu’en novembre 2010 et qui cherche à mobiliser 60 milliards de francs auprès du grand public. «Moins de trois mois après son démarrage, le 15 janvier 2010, la compagnie aérienne Asky procède à une augmentation de (son) capital», annonce le journal économique Les Afriques sur son site web. Le journal fait savoir que «plusieurs road shows cibleront les capitales ouest africaines et les chambres de commerce pour obtenir l’adhésion des opérateurs nationaux», précisant que le prix unitaire de l’action est fixé à 10 500 francs Cfa.
A travers cette initiative, précise le journal, la compagnie veut se démarquer du modèle économique de l’ancienne Air Afrique, «plombée par des actionnaires étatiques mauvais payeurs». Asky, été fondé par des opérateurs privés avec le soutien d’Ecobank, de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (BIDC), la Banque ouest africaine de développement (Boad) et le groupe Sakhumnotho d’Afrique du sud.
La compagnie, dont le siège est à Lomé, est en partenaire technique avec Ethiopian Airlines qui détient 20% des 120 millions de dollars de capital. Elle compte combler le vide laissé depuis quelques années par Air Afrique qui avait fait faillite. Mais elle compte surtout tirer leçon de l’expérience de Air Afrique : « Ils avaient trop de charges. Tout le monde réclame des billets d’avion à tout bout de champ. Une telle entreprise ne peut que faire faillite », avait expliqué Gervais Koffi. Djondo, président du conseil d’administration.
La compagnie a démarré le 15 janvier avec deux Boeing 737 nouvelle génération. «Progressivement, nous passerons à cinq aéronefs et ainsi de suite», a précisé M. Djondo. Les premiers vols couvriront, dans les six premiers mois, l’Afrique de l’ouest et du centre. «Ce programme devra s’étendre ultérieurement à l’Europe, à l’Amérique et à l’Asie», a ajouté Gervais Djondo.

Littérature
Mensah Hemedzo, nouveau romancier togolais en France

La littérature togolaise vient de s’enrichir de l’arrivée d’un nouveau, Mensah Hemedzo, thésard en littérature francophone à Strasbourg. Mensah Hemedzo vient de publier La Loi du bouc émissaire, un polar dont les recettes permettront d’achever la construction d’un collège à Nyogbo-Agbetiko, son village d’origine dans l’Agou.
L’information vient d’être portée à la connaissance du public par un confrère français qui en dresse un portrait élogieux même si les jugements de Hemedzo sur son pays sont quelque peu décalés avec la réalité. Qu’on l’aime ou pas, il faut avoir le courage de reconnaître que le Togo n’est plus quand même le pays d’Ubu d’il y a quelques années. N’empêche le roman de Hemedzo serait intéressant à en croire l’accueil qu’en fait le public de l’Alsace. « Ecouter Mensah Hemedzo parle de son pays, le Togo, c’est comme ouvrir un conte philosophique de Voltaire, tant l’absurde côtoie l’insensé dans cette petite bande de territoire bordant le golfe de Guinée, dirigée par un régime autocratique depuis son indépendance. Le discret étudiant togolais arrivé à Strasbourg il y a trois ans pour mener une thèse en littérature francophone cite un exemple parmi d’autres : dans ce pays de 4,4 millions d’habitants, « l’ancien dictateur a fait éditer une bande dessinée à sa gloire intitulée Il était une fois Eyadema. A l’époque, chacun devait l’avoir chez soi », écrit le confrère.
Projet novateur
De quelles armes dispose donc un modeste étudiant passionné de littérature francophone – sa thèse porte sur l’histoire littéraire du théâtre togolais – face à des injustices aussi criantes ? Peut-être d’une bonne plume. Plus récemment, Mensah Hemedzo s’est lancé dans l’écriture d’un polar intitulé La Loi du bouc émissaire. L’ouvrage est devenu un véritable « roman solidaire », car les droits d’auteur permettront de financer la construction de murs en béton pour le collège de Nyogbo-Agbétiko. Un projet pour lequel cet étudiant a su fédérer l’énergie de ses amis et de deux groupes de jeunes chrétiens alsaciens.
Mensah Hemedzo est né le 28 juin 1977 à Agou. Il a publié une nouvelle en feuilleton à l’hebdomadaire Nouvelle Echo en 2000-2001
Mensah Hemedzo, La Loi du bouc émissaire, Plumes 2 cœurs, juin 2007, 185 p., 12 euros
© L’Union du 23 mars 2010

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