Être une figure de l’opposition politique au Togo, en 2025, n’a rien d’un exercice de tout repos.
Être une figure de l’opposition politique au Togo, en 2025, n’a rien d’un exercice de tout repos.
C’est un terrain glissant, semé de contradictions, d’alliances fragiles et de retournements spectaculaires. À preuve, certains ténors de l’opposition historique, autrefois farouches opposants à la réforme constitutionnelle, se retrouvent aujourd’hui en situation de cohabitation, ou aspirent à l’être.
Jean-Pierre Fabre (ANC), Paul Dodji Apevon (FDR) et Yawo Daté (CAR) incarnent cette opposition qui, bien qu’ayant dénoncé avec vigueur le passage du Togo à la 5ᵉ République, semble aujourd’hui composer avec le pouvoir qu’ils vouaient hier aux gémonies.
Dans son édition du mercredi, le journal Dounia n’y va pas par quatre chemins : « Ceux qui ont juré ne jamais collaborer avec le pouvoir sont obligés de manger leur totem. » Une formule choc qui illustre la complexité d’une scène politique où les postures d’hier deviennent les compromis d’aujourd’hui.
Le basculement vers la 5ᵉ République togolaise, entériné par la réforme constitutionnelle récente, avait provoqué un tollé dans les rangs de l’opposition. Certains y voyaient une manœuvre pour pérenniser le pouvoir en place, d’autres un déni de démocratie. Pourtant, quelques mois plus tard, les lignes ont bougé.
Si Jean-Pierre Fabre et son parti avaient claqué la porte du dialogue à plusieurs reprises dans le passé, des signaux récents montrent une volonté de renouer un canal de discussion avec le pouvoir exécutif.
Du côté de Paul Dodji Apevon (FDR), la modération du ton et des appels au dialogue « républicain » ont surpris jusque dans ses propres rangs. Quant à Yawo Daté (CAR), ses derniers propos publics tranchent avec la posture radicale qu’il avait autrefois adoptée.
Pour les analystes, ces repositionnements traduisent autant une stratégie de survie politique qu’un aveu des limites de l’opposition. Face à un pouvoir solidement installé et un appareil d’État verrouillé, le choix semble se réduire à deux options : participer ou disparaître.
Cette situation soulève une question cruciale : jusqu’à quel point l’opposition peut-elle composer avec le pouvoir sans perdre sa crédibilité ? La ligne rouge entre coopération stratégique et compromission politique devient de plus en plus floue.
Dans ce contexte, les militants et sympathisants restent partagés. Certains dénoncent des trahisons, d’autres y voient une lucidité face à une réalité politique implacable.
Ce qui est certain, c’est que la 5e République, en plus d’avoir bouleversé les institutions, a aussi redessiné les contours de l’opposition. Et dans ce nouveau paysage, les anciens repères s’effacent, laissant place à une recomposition dont l’issue reste incertaine.
Dounia N°846.pdf
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