Santé

A(H1N1) : l'Afrique mal préparée

Avec ses services de santé défaillants et ses maladies endémiques, l'Afrique semble mal préparée à affronter l'épidémie de grippe porcine et évaluer son étendue sur le plus pauvre des continents, selon des experts médicaux. Et le Togo n'échappe pas à ce constat. Trois mois après s'être déclarée au Mexique, l'épidémie A(H1N1) a tué pour la première fois en Afrique en juillet. Lundi, l'Afrique du Sud avait recensé six morts et près de 3.500 malades, tandis que l'île Maurice a fait état de trois morts et l'Egypte d'un.

Des cas de grippe porcine ont aussi été confirmés au Botswana, au Gabon, au Kenya, à Madagascar, en Namibie et au Swaziland, mais aucun décès n'a été enregistré dans ces pays.A ce jour, l'Afrique est le continent le moins touché par cette maladie, qui a fait dans le monde près de 1.500 morts sur les 177.457 malades répertoriés.

Mais elle apparaît comme un terrain très fertile pour ce genre de virus, estime Ed Rybicki, virologiste à l'université du Cap (sud-ouest).

"La malnutrition et autres maladies liées à la pauvreté rendent les gens plus vulnérables à n'importe quel type de grippe", explique-t-il.

"L'Afrique sub-saharienne représente 66% des cas de la pandémie VIH/sida, 31% des cas de tuberculose et 86% des cas de paludisme" dans le monde, développe Luis Gomes Sambo, directeur régional pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon lui, il manque 31 millions de dollars (22 millions d'euros) en Afrique pour pouvoir répondre de manière concrète à l'épidémie de grippe porcine.

"Jusqu'à présent, seulement 700.000 dollars (493.000 euros) sont disponibles et il sera difficile d'obtenir des fonds déjà réservés à d'autres programmes de santé publique", estime Luis Gomes Sambo.

L'OMS a mis en place à Brazzaville une équipe chargée d'assurer et coordonner la surveillance dans les pays africains afin que les cas de grippe porcine soient détectés rapidement. Des centres régionaux au Zimbabwe, Gabon et Burkina Faso doivent relayer cette initiative.

Mais pour Ed Rybicki, il est fort probable que les cas ne soient pas répertoriés en raison du manque de ressources dans de nombreux pays du continent noir.

"L'impact de l'épidémie actuelle va être sous-estimé comme cela a été le cas pour la grippe de 1918-1920", souligne-t-il.

Les pays d'Afrique australe sont cependant plutôt bien lotis, à la différence du reste du continent, avec un laboratoire d'analyse en Afrique du Sud, la première puissance économique du continent.

Ce pays a installé des détecteurs de température dans les aéroports internationaux, et un centre d'appel a été mis en place pour répondre aux préoccupations du public.

Des écoles privées ont avancé la date des vacances scolaires après avoir enregistré des cas de grippe porcine, mais les établissements publics sont restés ouverts.

"Jusqu'à présent, nous pensons que pour contenir la propagation de la grippe dans le monde, des mesures comme la fermeture d'écoles n'ont pas été convaincantes", a justifié le ministère sud-africain de la Santé.

Depuis l'annonce du premier décès dû au virus A(H1N1) dans le pays, les médecins sont dépassés par les consultations de patients, inquiets dès le moindre symptôme de grippe.

"Il n'y a pas de raison de paniquer", a toutefois assuré Theuns Botha, le ministre de la Santé de la province sud-africaine du Western Cape (sud-ouest), l'une des régions les plus affectées. "Une écrasante majorité de personnes qui ont contracté le virus se rétablissent complètement."

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