Société

Tarek tutoie les étoiles

Il avait deux amours, le Togo et le Liban, mais aussi sa femme, ses enfants, ses parents, son frère et ses innombrables amis à travers le monde.

Il avait deux amours, le Togo et le Liban, mais aussi sa femme, ses enfants, ses parents, son frère et ses innombrables amis à travers le monde.

Tarek Kodjo Boustani a été fauché à 46 ans par une voiture il y a quelques jours dans le Nord de la France où il avait rejoint ses proches pour quelques jours de repos.

Une fin tragique pour ce Togolais au parcours inédit.

Après des études au lycée français de Lomé, puis à Dakar, il revient au Togo épauler son père dans l’entreprise familiale. 

Mais l’aviation le démange. Il n’y connaît rien. Celui qui va lui faire découvrir la magie des airs, c’est Michel Restoux, le pilote du président Gnassingbé Eyadema.

A l’aéroclub de Lomé, il se forme sur un monomoteur, puis un bimoteur. Il est doué et apprend vite. Il va compléter sa formation sur des jets en France et aux Etats-Unis. Il travaille un temps pour la RAM, Air Afrique et une compagnie au Nouveau Mexique.

Michel Restoux, repère vite ce jeune et décide de lui confier les manettes de co-pilote du Boeing 707 présidentiel. Il a moins de 30 ans.

Le 21 septembre 2000, Tarek Kodjo est convaincu que sa carrière de pilote touche à sa fin.

Lors d’un vol entre Paris et Lomé, un incendie se déclare à bord de l’avion présidentiel. L’équipage réalise une prouesse incroyable, effectuer un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Niamey. Si l’avion est HS, l’équipage et les passagers sont indemnes.

En 2005, Tarek Kodjo Boustani décide de s’orienter vers une carrière dans l’aviation commerciale. Il vole pour la mythique Aéropostale.

A la création d’Asky en 2010, il retourne immédiatement à Lomé et devient l’un des premiers pilotes de la compagnie, puis le plus jeune commandant de bord et instructeur. 

Il multiplie les vols dans toute l’Afrique dans des conditions souvent difficiles en raison des conditions météorologiques compliquées.

Tarek est un passionné de voyages, de découvertes, de lieux inédits. Il parcourt le monde, souvent seul avec un sac à dos pour seul compagnon. C’est aussi un amateur de plongée et d’archéologie. Un touche à tout comme ses lointains ancêtres phéniciens.

Mais il reste viscéralement attaché au pays de ses ancêtres, le Liban où il se rend très régulièrement.

Il est passionné par l’histoire de ce pays et le rôle joué par les Diasporas et leur contribution à travers le monde, notamment en Afrique depuis le XIXe siècle.

Il rejoint le Centre de recherches de l’Université Notre-Dame de-Louaizé (Liban) et devient son représentant pour l’Afrique de l’Ouest.

Il était passionné par tous ces Libanais qui avaient choisi il y a très longtemps de s’installer au Togo, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali ou au Niger et de contribuer à leur développement.

Tarek Kodjo Boustani était curieux de tout, ouvert aux autres, d’une grande douceur.

Il entretenait un réseau d’amis très dense à Lomé et partout dans le monde. Chacune de ses escales était l’occasion de rencontres inédites et joyeuses.

Il bâtissait son avenir, le meilleur possible, pour sa femme et ses deux enfants et restait très attaché au clan familial dispersé entre le Togo, la France et le Liban.

Il avait des projets plein la tête.

Tout s’est arrêté un soir pluvieux. La vie est injuste. 

Les souvenirs restent intacts.

Le départ de cet homme si fin, si attachant, est une grande perte.

Que la terre lui soit légère !, comme on a coutume de dire en Afrique de l’Ouest.

A son épouse à toute sa famille, toutes nos sincères condoléances.

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