Cédéao

La junte privée d'armes

Les dirigeants des pays membres de la Cédéao ont décrété samedi un embargo sur les armes à l'encontre de la Guinée, lors d'un sommet à Abuja.

Plusieurs chefs d'Etat assistaient aux travaux dont, notamment, ceux du Togo, du Liberia, de Sierra Leone, du Burkina Faso, du Bénin et du du président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping,Dans quelques heures, l'ultimatum de l'Union africaine (UA), qui exige des responsables de la junte de ne pas se présenter à la présidentielle de janvier, expirera.

Le sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) s'est toutefois achevé sans que l'on sache si le chef de la junte de Conakry, le capitaine Moussa Dadis Camara, a l'intention de se plier avant minuit à l'ultimatum de l'Union africaine.

"Au vu des atrocités commises et des actions menées par le CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, NDLR) pour se procurer de nouvelles armes, la Cédéao a décidé d'imposer un embargo sur les armes à l'encontre de la Guinée", indique le communiqué final du sommet de l'organisation.

La Cédéao demande à son actuel président, le nigérian Umaru Yar'adua, "de prendre toutes les mesures nécessaires pour obtenir le soutien de l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations unies pour l'imposition et l'application de cet embargo", selon le document.

Dans son discours d'ouverture, Umaru Yar'adua a déclaré que la Cédéao ne pouvait "rester les bras croisés et regarder la situation dégénérer en conflit de proportion monumentale. C'est notre devoir de demander au chef du pouvoir militaire en Guinée de s'engager formellement à ne pas participer à la présidentielle".

La Guinée est déjà suspendue des instances dirigeantes de la Cédéao depuis le 10 janvier suite au coup d'Etat militaire du 23 décembre 2008, peu après le décès du président Lansana Conte.

Vendredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a ordonné une enquête internationale sur la répression d'une manifestation de l'opposition qui a fait plus de 150 morts, selon l'ONU, le 28 septembre à Conakry.

Le 12 octobre, la Cédéao avait fermement condamné ces "tueries brutales", le risque de "nouvelle dictature" et souhaité l'installation d'un régime de transition en lieu et place de la junte actuelle.

La Cour pénale internationale (CPI) procède de son côté à un "examen préliminaire" pour déterminer si des crimes relevant de sa compétence ont été commis le 28 septembre.

Selon un spécialiste, au delà d'une suspension déjà effective, l'organisation régionale de 15 Etats ne disposait pas de nombreux moyens de rétorsion, et il est probable que le médiateur nommé par la Cédéao, le président burkinabè Blaise Compaoré, va continuer ses contacts avec Conakry.

Concernant le Niger, dont le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 1999, s'est octroyé en août une rallonge de trois ans, malgré une condamnation internationale unanime, la Cédéao lui a "demandé urgemment de suspendre indéfiniment les législatives du 20 octobre afin de favoriser le dialogue" politique.

La Cédéao a pris des sanctions limitées contre Niamey (interdiction de présenter des candidats pour des organisations internationales, d'organiser des réunions de la Cédéao) mais menacé de "sanctions complètes immédiates" en cas de refus du président Tandja d'obtempérer.

La présidente du Liberia et le président de la commission de la Cédéao sont attendus dimanche à Niamey pour une ultime tentative de conciliation.

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