Eco & Finance

Batienne Kpabre-Sylli : « Le transport aérien est dans une situation de quasi-monople »

Batienne Kpabre-Sylli est le nouveau ministre du Tourisme. Il a pour ambition de relancer un secteur sinistré depuis une quinzaine d'année.

Sa tâche n'est pas aisée.La crise socio-politique des années 90 a mis fin aux espoirs de faire du Togo une destination importante en Afrique de l'Ouest. L'instabilité et la dégradation des infrastructures ont eu raison des derniers visiteurs.

Certes, le Togo n'a jamais été un marché touristique comparable à celui du Sénégal ou de la Tanzanie ; mais il avait su drainer à Lomé un tourisme d'affaires et de congrès grâce à l'existence d'hôtels modernes et au charme d'une ville que l'on comparait alors à la Genève de l'Afrique.

La stabilité revenue, les autorités souhaitent relancer une industrie créatrice d'emplois. Un objectif qui n'est pas utopique à condition de lever certains obstacles. C'est ce qu'explique Batienne Kpabre-Sylli dans un entretien à republicoftogo.com. Cet ancien chef du protocole des présidents Eyadema et Gnassingbé n'a pas hérité d'un ministère facile.

Republicoftogo.com : La relance du tourisme implique que la destination Togo soit accessible au plus grand nombre. Or, les prix pratiqués par les compagnies aériennes rendent le voyage prohibitif comparé à d'autres destinations en Afrique ou en Asie. Comment faire baisser le prix des billets pour séduire les tours opérateurs ? Ne peut-on pas envisager l'introduction de vols charters purement touristiques ?

Batienne Kpabre-Sylli :

Le transport aérien à destination du Togo est dans une situation de quasi-monopole. Depuis la sortie de crise au Togo, la compagnie Air France est la seule à desservir directement Lomé depuis l'Europe. Bien sûr, il y a aussi Royal Air Maroc et Afriquya qui viennent à Lomé, mais avec les escales de plusieurs heures, ce n'est pas vraiment intéressant pour les touristes.

Pour résoudre ce problème, nous discutons avec notre collègue des Transports. Il envisage plusieurs mesures. D'abord, l'ouverture du ciel togolais pour encourager d'autres compagnies aériennes européennes à venir à Lomé ; ensuite, la négociation d'accords avec des sociétés charters et des hôtels pour proposer des forfaits tout compris à destination du Togo. Ce qui réduirait de manière très significative les coûts de transport et de séjour.

Republicoftogo.com : Il existe un autre obstacle à la renaissance de l'industrie touristique, c'est celui des visas. Il y a obligation de disposer d'un visa de tourisme avant de s'envoler pour le Togo. C'est du moins ce qu'exigent les compagnies aériennes. Or, les autorités ont assoupli ces mesures puisqu'un visa peut être délivré à l'arrivée à l'aéroport de Lomé. N'y a-t-il pas matière à clarification ?

Batienne Kpabre-Sylli :

Il est vrai que malgré la présence des missions diplomatiques et consulaires dans certaines grandes villes européennes, les voyageurs éprouvent des difficultés à obtenir des visas en raison de l'éloignement ou faute de temps. Je voudrais annoncer ici aux touristes  que s'ils n'ont pas pu se faire délivrer un visa via les consulats, il pourra être obtenu à leur arrivée à l'aéroport de Lomé et à tous les postes frontières terrestres et maritimes du Togo.

Republicoftogo.com : Des projets de nouveaux hôtels et la rénovation de ceux existants à Lomé devraient, dans les mois qui viennent, renforcer la capacité hôtelière. Pouvez-vous nous en dire davantage.

Batienne Kpabre-Sylli :

Dans le cadre de la relance des activités touristiques, le gouvernement a entrepris la rénovation des grands hôtels de Lomé (2 février, notamment) et ceux de l'intérieur du pays.

Parallèlement, les opérateurs privés construisent de nouvelles unités à Lomé, Aného, Kpalimé ou Kara. Cela démontre que les professionnels croient en l'avenir de ce secteur.

Je tiens à dire que les tours opérateurs et les touristes peuvent à nouveau faire confiance aux Togolais dont le sens de l'accueil et l'hospitalité ne sont plus à démontrer.

Republicoftogo.com : Lomé fut jadis un important centre pour le tourisme d'affaires et de congrès. Depuis des années ce n'est plus le cas.

Batienne Kpabre-Sylli :

Effectivement, Lomé fut un carrefour de grandes rencontres internationales et de congrès. En témoignent les signatures des conventions de Lomé entre l'Union européenne et les ACP (Lomé I, II, III, IV). Notre savoir faire en matière d'accueil est resté intact.

Avec la rénovation en cours de l'hôtel du « 2 février »*, qui dispose de facilités suffisantes en terme de capacité de lits et d'équipements, nous allons relancer le créneau du tourisme d'affaires et de conférences ; c'est un marché très porteur.

Republicoftogo.com : L'écotourisme est à la mode en Europe. Le Togo a-t-il l'intention de profiter de ce marché . Dispose-t-il des infrastructures adéquates à l'intérieur du pays et dans les réserves ?

Batienne Kpabre-Sylli :

Le Togo a toujours fait la promotion d'un tourisme de découverte dans ses parcs nationaux et dans ses réserves. Aujourd'hui, on parle d'écotourisme qui n'est rien d'autre qu'un tourisme de découverte, plus respectueux de l'environnement.

Nous travaillons dans les parcs de Fazao Malfakassa, de Sarakawa et de Djamdé à l'aménagement d'équipements qui répondent aux demandes d'une clientèle amoureuse de la nature.

* Réouverture prévue courant 2009

Pour que ce site Web fonctionne correctement et pour améliorer votre expérience d'utilisateur, nous utilisons des cookies. Retrouvez plus d'informations dans notre Gestion des cookies.

  • Les cookies nécessaires activent les fonctionnalités de base. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.