Eco & Finance

Les APE « cimentent les inégalités »

Les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) réunis jeudi en sommet à Accra se sont penchés sur la question de l'augmentation des prix de l'énergie et des produits alimentaires qu'ils subissent de plein fouet, dans un contexte de crise financière internationale. Parmi les "questions urgentes et d'importance égale", le président ghanéen John Kufuor a cité "le changement climatique et les conséquences sur l'environnement, la crise financière actuelle, les turbulences sur le marché du pétrole, les prix alimentaires qui grimpent et le terrorisme, dont l'impact n'épargne personne nulle part".

Le dirigeant ghanéen, hôte du sommet bisannuel de chefs d'Etat et de gouvernement, a succédé jeudi à son homologue soudanais Omar el-Béchir à la présidence du groupe ACP.Créé en 1975, ce groupe comprend 79 pays, dont 48 d'Afrique subsaharienne (dont le Togo), 16 des Caraïbes et 15 du Pacifique.

Selon M. Kufuor, l'ensemble des Etats membres sont représentés à Accra, à différents niveaux.

C'est le cas du Togo qui a envoyé son Premier ministre, Gilbert Houngbo.

"Ce sommet se déroule à un moment crucial de l'Histoire", a déclaré de son côté le président soudanais lors de la cérémonie d'ouverture, évoquant une "forte augmentation des prix pétroliers et alimentaires".

Le sommet d'Accra, qui doit s'achever vendredi avec l'adoption d'une déclaration commune, s'est aussi penché sur la question de la conclusion d'accords intérimaires de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne (UE), un dossier qui divise les pays ACP. Actuellement, seulement une partie d'entre eux ont conclu de tels accords avec l'UE.

"Les APE entament la solidarité qui unissait autrefois les pays ACP, sous prétexte de mettre l'accent sur l'aspect régional des relations entre l'UE et les six régions ACP", a déploré John Kufuor.

Ces accords commerciaux impliquent l'accès libre des produits ACP (sauf le riz et le sucre) au marché européen depuis le 1er janvier, en échange d'une ouverture progressive d'au moins 80% des marchés ACP aux produits européens, avec des périodes de transition allant jusqu'à 25 ans.

Devant l'impossibilité de parvenir à des accords complets, la Commission européenne a finalement opté pour une politique d'accords au coup par coup, pays par pays.

Mme Glenys Kinnock, co-présidente de l'assemblée parlementaire ACP-EU, a appelé jeudi les pays riches à honorer leurs promesses de venir en aide aux pays plus pauvres et à ne pas laisser la crise financière actuelle les détourner de ces engagements.

"En 2005, le G8 a promis de donner 25 milliards de dollars à l'Afrique d'ici 2010", a-t-elle rappelé. Soulignant que seulement 4 milliards ont jusqu'à présent été versés, elle a demandé: "Y a-t-il sérieusement quelqu'un pour penser que les 21 milliards restant seront donnés en deux ans?".

Mme Kinnock a déploré que les pays les plus pauvres étaient les plus touchés par la crise économique et a accusé les APE de "cimenter" les inégalités entre pays de l'UE et ACP en insistant sur le principe de réciprocité entre pays qui ne sont pas égaux.

Elle a estimé que les relations UE-ACP étaient actuellement "mises à l'épreuve".

La semaine dernière, plusieurs organisations non gouvernementales altermondialistes (Attac, Oxfam) ou catholiques (CCFD, Secours catholique) ont demandé à l'UE d'introduire plus de "coopération" et moins de "concurrence" dans ses accords commerciaux avec les pays pauvres.

Le précédent sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ACP s'était déroulé dans la capitale soudanaise Khartoum en décembre 2006.

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