Politique

‘On ne peut pas danser et s’apprécier à la fois’

Sénanu Alipui

Un accord largement critiqué par le reste de l’opposition, mais défendu par Sénanu Alipui, le président du groupe parlementaire UFC.

‘Cet accord a été exécuté à 100%’, affirme-t-il dans l’entretien qui suit. Même s’il reconnaît que le chantier demeure ouvert.

Republicoftogo.com : Estimez-vous, 9 ans après, que cette coopération a été utile au pays ?

Sénanu Alipui : La route a été longue et semée d’embûches, mais si on s’en tient au document signé, les quatre volets de l’accord ont été respectés, à savoir la participation au gouvernement, la présence dans les grandes administrations, le recensement général, le fichier électoral et tout récemment les réformes institutionnelles et constitutionnelles.

Au-delà du texte, cet accord a créé des liens forts entre la majorité présidentielle et le courant historique et majoritaire de l’opposition.

Ensemble dans le cadre l’action gouvernementale, nous avons relancé l’économie avec une croissance stable autour de 5%, plus de 11 000 kms de routes et pistes construites ou aménagées, participé à la conception du Plan national de développement. Et la liste n’est pas close.

Cela prouve qu’ensemble on est plus fort et on peut aller plus loin.

Republicoftogo.com : S’agissant des réformes politiques, il aura tout de même fallu 9 ans pour y parvenir

Sénanu Alipui : Nous étions prêts à faire les réformes dans les six mois suivant l’Accord politique global (APG, signé en 2006), mais comme vous le savez, la recherche d’un large consensus a retardé les choses.

Au-delà des critiques des uns et des autres, et du courage politique dont ont fait preuve le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition,  il est important de féliciter la présidente de l’Assemblée nationale, le président de la commission des lois et l’ensemble des acteurs impliqués pour l’esprit de compromis qui a fini par prévaloir et nous a permis, en dépit des imperfections, d’aller à l’essentiel pour opérer ensemble les réformes.

Republicoftogo.com : L’accord signé avec le pouvoir est-il encore en vigueur ?

Sénanu Alipui : Vous conviendrez avec moi que l’ensemble des points contenus dans l’accord ont été mis en œuvre et que le contexte politique, économique et social a évolué.

Aujourd’hui, à l’UFC, la question de l’alternance reste une exigence mais nous ne l’abordons plus comme un rendez vous de la mort, mais comme une saine compétition entre deux partis d’obédience libérale et nous nous battons pour des élections libres, transparentes et dont les résultats sont acceptés par toutes les parties. 

L’essentiel aujourd’hui, c’est que le Togo avance et que les besoins de la population soient satisfaits, peu importe le parti qui est au pouvoir.

Republicoftogo.com : Mais plus aucun membre de l’UFC n’est aujourd'hui gouvernement

Sénanu Alipui : L’UFC est chef de file de l’opposition parlementaire. Comme le disait feu le Président Eyadema, ‘On ne peut pas danser et s’apprécier à la fois’.

Nous cumulons 12 ans d’expérience parlementaire, 9 ans d’expérience gouvernementale auxquelles s’ajoutent près de 74 ans dans l’opposition depuis le CUT étant entendu que nous sommes les héritiers de l’Ablodé.

Comme chef de file de l’opposition et de concert avec nos frères du NET, PDP, MPDD, MRC et le reste de l’opposition extra parlementaire, laissez-nous apprécier l’action gouvernementale.

DEP

Republicoftogo.com : Qu’attendez-vous des réformes constitutionnelles adoptées récemment par les députés ?

Sénanu Alipui : Les Togolais attendent beaucoup de la classe politique et comme chef de file de l’opposition, notre agenda est chargé et notre responsabilité importante.

Il y a la création d’un Sénat, la nécessité de structurer l’opposition ; 117 partis, c’est trop. Et surtout de rassembler.

Dans un autre registre, notre démocratie doit être plus inclusive et nous souhaitons que les élections locales permettent aux partis qui ont séché leur linge sous la pluie pendant les législatives, et qui ont reconnu leur erreur, soient plus présents. Dans cet esprit, nous limiterons nos listes pour leur permettre d’émerger et d’animer également l’espace politique dans un cadre républicain afin d’éloigner le débat politique de la rue.

Nous devons continuer à enraciner la culture démocratique en faisant du dialogue la pierre angulaire, en faisant la promotion de la culture du débat, de la reddition des comptes, en changeant les mentalités et en mettant fin à la culture du ‘ vainqueur prend tout’. Nous voulons faire du Togo une démocratie libérale avec une véritable économie de marché.

Il y a bien sûr la question de l’alternance. Nous continuerons à travailler à améliorer le processus électoral pour que l’alternance soit plus un symptôme de la vitalité de notre démocratie qu’un fonds de commerce pour politiciens sans projet de société ou alternative crédible.

Vous savez, il faut mettre la question de l’alternance en perspective car dans un contexte sous régional dominé par la menace djihadiste, la paix reste la priorité absolue. Nos forces de défense et de sécurité doivent être plus présentes et jouer un rôle accru. Le Togo doit se rassembler autour de valeurs qui fortifient notre démocratie et protègent nos populations et nos institutions.

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