Les chefs d'Etat de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ont adopté vendredi à Dakar à l'unanimité une nouvelle charte, qui remplace un texte datant de 1972, pour donner un "nouvel élan" à cette organisation représentant 1,3 milliard de musulmans. "Elle a été adoptée à l'unanimité et c'est un grand moment dans la vie de l'OCI", a déclaré le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l'OCI, lors d'une conférence de presse au terme d'un sommet de deux jours.
"Ce sommet a été un tournant, un sommet historique, véritablement. Depuis 1972, aucun sommet n'a engrangé autant de succès, en particulier concernant la charte", a-t-il poursuivi.
"Aujourd'hui, ici, nous avons réussi à nous doter d'une charte flambant neuve, ce qui constitue un pas significatif dans l'histoire et dans l'avenir de l'OCI. (Elle) exprime la nouvelle vision du monde musulman, (...) le nouvel élan à l'organisation, et finalement met notre maison en ordre", a-t-il dit.
La précédente charte de l'organisation, adoptée en pleine guerre froide en 1972, peinait ces derniers temps à fédérer les 57 Etats membres, ses articles n'étant plus adaptés au contexte actuel.
Les derniers points de désaccords portaient sur le mode de validation de l'adhésion à l'OCI par les pays candidats, les modalités d'adoption de la charte par les Etats membres et l'implication de l'organisation dans la résolution des conflits.
A l'issue d'une réunion ministérielle préparatoire, le chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio avait assuré en début de semaine qu'il y avait "99,99% de chances d'adopter une nouvelle charte" après des révisions "sur beaucoup de points".
Le sommet, ouvert jeudi, devait par ailleurs appeler les membres de l'OCI "à faire des contributions substantielles" pour le Fonds de solidarité islamique pour le développement (FISD), lancé en mai 2006.
Le FISD vise à faire valoir la solidarité au sein de la Oummah (communauté) au sein de laquelle cohabitent des Etats pétroliers richissimes et de petits pays très pauvres, comme la Sierra Leone, le Niger ou le Bangladesh.
Ce fonds vise un capital de 10 milliards de dollars mais, pour l'heure, les contributions totalisent 2,6 milliards de dollars fournis par 31 des 57 pays membres.
L'appel à contributions vise à "atteindre les 10 milliards de dollars de capital d'ici à fin 2009, et au moins 6 milliards d'ici à la fin 2008", selon un projet de résolution présenté aux dirigeants.
Les chefs d'Etat sont également attendus sur la question de la dette des pays membres de l'OCI - majoritairement africains - envers ceux ayant des revenus importants, en particulier les producteurs de pétrole.
La conférence des chefs d'Etat devrait ainsi officiellement "exhorter les donateurs (...) à prendre des mesures d'allègement de la dette des pays africains", selon un autre projet de résolution.
La situation dans les territoires palestiniens, marquée ces derniers jours par la multiplication de raids d'Israël en représailles à des tirs palestiniens de roquettes, ainsi que l'islamophobie, en regain en Occident, ont été jusque-là des thèmes dominants les débats.