La découverte de nouveaux gisements pétroliers en Afrique de l'Ouest suscite la convoitise de l'Occident comme des puissances émergentes, soucieux de diversifier leur approvisionnement pour continuer à nourrir leur croissance en réduisant les risques géopolitiques. Un nouveau gisement d'environ 600 millions de barils a été découvert le 18 juin dans le Golfe de Guinée, au large du Ghana, par la compagnie britannique Tullow Oil. Des signes encourageants de possibles gisements se manifestent aussi au Togo.
En matière de réserves, le Ghana devance désormais le Bénin (147 millions de tonnes en zones profondes selon l'association des producteurs de pétrole africains, APPA), et la Côte d'Ivoire (100 millions de barils).Mais il reste à bien loin du géant pétrolier de la sous-région, le Nigeria, et de ses réserves de 36,24 milliards de barils, ou, plus au sud, du prometteur Angola (plus de 5,4 milliards de barils).
Sur les 2,7 millions de barils/jour (mbj) produits en Afrique de l'ouest, près de 2,6 proviennent du Nigeria. Son dauphin dans le Golfe de Guinée, la Guinée Equatoriale, dispose de 1,7 milliard de barils de réserves selon l'APPA.
L'Afrique de l'Ouest reste un acteur pétrolier modeste au niveau mondial.
Elle représente moins d'un tiers de la production de l'ensemble du continent noir, qui compte elle-même pour moins de 12% de la production mondiale, loin derrière le Moyen-Orient et la Russie.
Mais les incertitudes géopolitiques et l'émergence des économies asiatiques (Chine et Inde notamment), désormais en concurrence avec l'Occident, font de n'importe quel gisement d'"or noir" une denrée rare et chère.
"Il est de plus en plus difficile de travailler au Moyen-Orient. Tout le monde cherche donc diversifier ses approvisionnements, et la ruée est générale, en Afrique comme ailleurs", explique un responsable du secteur à Abidjan.
Entre 2004 et 2007, la production de pétrole africain a grimpé de 7 mbj à 9,5 mbj. Et l'Afrique est désormais la première zone de production mondiale du groupe français Total.
Le Nigeria vise une production de 4 mbj en 2010, contre 2,6 mbj aujourd'hui malgré des violences dans le delta du Niger qui l'amputeraient de 25%.
Au delà du Nigeria, "il y a un grand potentiel en Afrique de l'Ouest, Guinée Equatoriale, Mauritanie et ailleurs", note David Fife, analyste pétrolier de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) à Paris.
"Nous prévoyons une très forte augmentation de la production de pétrole ouest-africain dans les 2 à 5 ans, pour atteindre 1 mbj en 2012", ajoute-t-il.
Ce potentiel attise des convoitises, notamment du côté des Etats-Unis, qui importent plus de la moitié du pétrole qu'ils consomment, et prévoient de puiser 25% de leurs besoins en Afrique en 2015, contre moins de 15% en 2003.
D'où une concurrence acharnée le long de la façade atlantique de l'Afrique, malgré des capacités de raffinage encore très limitées.
En Guinée, la société américaine Hyperdynamic a trouvé du pétrole offshore.
La Guinée-Bissau, où des réserves pétrolières ont été trouvées en août 2006, a signé un accord de coopération dans l'exploration avec le Brésil.
La Mauritanie exploite depuis février 2006 des puits off-shore.
Au Sénégal, Petrosen (Sénégal) et Kampac Oil (Emirats arabes unis) ont signé en septembre 2005 un contrat de prospection de pétrole et gaz offshore dans la région de Saint-Louis (nord).
En Côte d'Ivoire, les divers investisseurs sont européens, américains, mais aussi australiens, russes et chinois.
Le Bénin prévoit de lancer "très prochainement" des forages pétroliers dans le Golfe de Guinée.
Le nouveau gisement ghanéen, ne pourra peut-être pas être exploité "avant cinq ou dix ans", selon David Fife. Le président John Kufuor s'est réjoui de sa découverte.
Au Togo, des recherches sont effectuées au large des côtes. La présence de pétrole au Ghana et au Bénin voisins poussent les Togolais à poursuivrent les investigations avec une détermination plus grande que par le passé.