Politique

Amnesty : quand l’indignation remplace l’enquête

Depuis sa création, Amnesty International s’est imposée comme l’un des visages les plus connus de la défense des droits humains à travers le monde.

Des rapports déclenchés par des vidéos virales © republicoftogo.com

Depuis sa création, Amnesty International s’est imposée comme l’un des visages les plus connus de la défense des droits humains à travers le monde.

Toutefois, la multiplication de prises de position fondées sur des sources fragiles et des approches biaisées soulève de plus en plus de questions sur sa méthode, sa rigueur et sa crédibilité. Le Togo, une nouvelle fois pris pour cible dans un récent communiqué, en fait les frais.

Le 17 juin 2025, Amnesty publie une déclaration accusant les autorités togolaises de « torture » sur des manifestants lors des évènements non autorisés des 5 et 6 juin à Lomé. Le problème ? Le rapport se fonde essentiellement sur des images circulant sur les réseaux sociaux, sans mention d’enquête indépendante ni de vérification contradictoire.

Aucune preuve médico-légale, aucun recoupement institutionnel, aucun accès au terrain : la rigueur méthodologique est absente.

Dans un contexte aussi sensible, les accusations publiques doivent reposer sur des faits établis, pas sur la viralité numérique. Autrement, elles versent dans le sensationnalisme, au détriment de la vérité.

Le cas togolais s’inscrit dans un schéma de focalisation quasi systématique sur certains pays africains, pendant que d’autres zones de conflit majeures échappent à une attention équivalente. On peut citer le cas de l'Iran.

Amnesty produit peu ou pas de rapports aussi immédiats et accusateurs, même face à des crimes  largement documentés. Ce déséquilibre alimente le sentiment d’un deux poids, deux mesures persistant.

Amnesty n’en est pas à son premier faux pas. Un précédent rapport avait évoqué la présence de “centaines de cadavres sur les plages de Lomé” — une affirmation jamais corroborée par les faits, et encore moins par une source officielle ou indépendante.

Ce genre de déclaration gratuite, aux conséquences diplomatiques et sociales réelles, affaiblit la confiance dans le travail de l’ONG.

Le Togo fonctionne selon un cadre constitutionnel qui garantit les libertés fondamentales, tout en préservant l’ordre public.

La loi impose que les manifestations soient déclarées à l’avance, sans quoi les forces de sécurité sont autorisées à intervenir. Il ne s’agit pas de répression arbitraire, mais de respect des procédures. Si des violences ou des abus ont lieu, les institutions judiciaires sont compétentes pour instruire les faits, à condition que les preuves soient tangibles.

Vers plus d’humilité méthodologique

La défense des droits humains ne peut se réduire à des alertes automatiques, lancées sans fondement suffisant. Amnesty gagnerait à adopter une démarche plus rigoureuse, plus équilibrée et moins politisée.

Le Togo, comme tout État, peut faire l’objet de critiques – à condition que ces critiques soient fondées, honnêtes et vérifiables.

À l’heure où les fake news prolifèrent et où les ONG ont un rôle crucial à jouer, le sérieux ne doit pas céder la place à l’indignation numérique.

Amnesty International, pour rester crédible, doit sortir d’une logique de réaction virale pour retrouver celle de l’investigation rigoureuse.

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