L’examen du projet de loi de finances a débuté lundi à l’Assemblée, offrant à l’opposition une nouvelle pour exprimer ses critiques.
L’examen du projet de loi de finances a débuté lundi à l’Assemblée, offrant à l’opposition une nouvelle pour exprimer ses critiques.
Mais derrière les déclarations alarmistes, les analyses manquent souvent de rigueur technique et peinent à convaincre les spécialistes des finances publiques.
Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire générale de la CDPA affirme que le budget « asphyxiera l’économie », déplorant une « pression fiscale excessive » et une « contribution insignifiante des sociétés d’État ». Une critique récurrente qui ignore toutefois la structure réelle de l’économie togolaise, où les recettes fiscales constituent partout dans le monde le socle principal du financement public, notamment dans les pays où le secteur parapublic est limité.
L’opposante souligne que le projet, équilibré à 2 740,5 milliards de Fcfa, consacre près de 48% des dépenses aux secteurs sociaux. Mais elle estime que cette orientation reste insuffisante en raison du poids du service de la dette.
Or, là encore, l’analyse manque de précision : le service de la dette n’est pas une option mais une obligation légale, et le Togo présente au contraire l’un des niveaux d’endettement les mieux maîtrisés de la sous-région, ce que les acteurs financiers internationaux saluent régulièrement.
En affirmant que « 1000 milliards iront à la dette » sans distinguer dette intérieure, dette extérieure, amortissement et intérêts, l’opposition expose une compréhension approximative des mécanismes budgétaires.
Sur la forme, Mme Adjamagbo-Johnson affirme que le budget aurait dû être précédé d’un débat d’orientation budgétaire et transmis dès septembre. Ces remarques, bien qu’audibles, oublient que la planification budgétaire a été perturbée cette année par la transition institutionnelle et les impératifs de clôture de la feuille de route gouvernementale 2020-2025.
Visiblement, l’opposition confond cadre législatif idéal et réalité administrative dans un contexte national marqué par des réformes profondes.
Aimé Gogué, président de l’ADDI, renchérit en qualifiant le budget de « hasardeux » et « précipité », mais sans proposer d’alternative chiffrée ni d’analyse macroéconomique solide. Aucun scénario économique, aucune projection de croissance ni de recettes alternatives ne sont présentés; un manque de substance que nombre d’observateurs relèvent depuis des années.
Alors que l’opposition déplore l’absence de vision, elle peine elle-même à articuler une lecture claire du cadre macroéconomique ou à produire des propositions cohérentes.
Le débat budgétaire est un exercice technique exigeant : ratios de soutenabilité, programmation pluriannuelle, priorisation sectorielle, qualité de la dépense, arbitrages intersectoriels, logique de chaîne de valeur… Autant de concepts rarement mobilisés dans les interventions publiques des partis d’opposition.
En définitive, loin d’enrichir le débat, les critiques formulées manquent souvent de hauteur technique et de précision méthodologique, ce qui affaiblit leur portée politique.
Le débat se poursuit en commission, où les explications détaillées du ministère des Finances et du Budget devraient permettre de clarifier les enjeux réels d’un budget qualifié de « transition » — une transition assumée, destinée à clore la feuille de route et préparer le nouveau cycle stratégique du pays.
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