Société

12 ans de prison !

Un chercheur français, Yves Marguerat, a été condamné mercredi en France à 12 ans de réclusion criminelle pour viols sur des enfants des rues sous couvert d'activités humanitaires. Le chercheur de 64 ans a été reconnu coupable par une cour d'assises de viols sur deux mineurs, dont un âgé de moins de 15 ans, entre 1991 et 1995 au Togo. Il avait travaillé dans la capitale togolaise pendant plus de 15 ans pour le compte d'un organisme public français, L'Orstom, devenu l'Institut de recherche pour le développement.

Yves Marguerat a reconnu qu'il s'était adonné à des attouchements sexuels sur un "nombre incalculable" de garçons parmi ceux qu'il hébergeait en permanence dans sa maison particulière.Mais il a nié sans relâche les viols par sodomie et expliqué que les fellations n'étaient que "des amorces" à l'initiative des jeunes, "demandeurs" et en "manque de tendresse", qu'il interrompait "immédiatement".

Défendant la même position au cours des huit journées d'audience, il a estimé que son procès oubliait le "travail humanitaire" qu'il avait effectué auprès des enfants pauvres.

Ses deux accusateurs et plusieurs témoins ont en revanche affirmé qu'il avait instauré un "système": les faveurs sexuelles s'échangeaient contre de petites sommes d'argent, dans un environnement de misère totale.

"C'est une décision sévère. Il a toujours contesté les faits de viols et j'ai l'impression qu'on le condamne sur du possible, au regard de ses aveux d'attouchements", a déclaré l'avocate du chercheur, Me Valérie Salama.

"Nous n'avons pas pris de décision" sur un éventuel appel du verdict, a-t-elle ajouté.

Plusieurs anciens enfants des rues et amis togolais étaient venus défendre le chercheur au procès, insistant sur le fait qu'il avait sorti de nombreux garçons de la misère. L'un d'entre eux s'est effondré en larmes peu après la lecture du verdict.

Yves Marguerat avait travaillé à Lomé de la fin des années 70 au début des années 90 pour le compte d'un organisme public français, l'Orstom, devenu l'Institut de recherche pour le développement.

Spécialisé dans la géographie urbaine, il mêlait ses recherches à son investissement auprès des enfants des rues. Lié à des organisations humanitaires, il s'était fait verser plus d'un million d'euros entre les années 80 et 90.

Durant son réquisitoire, l'avocate générale, Jacqueline Amara, a comparé les agissements d'Yves Marguerat à "un système mafieux", où pesait "l'omerta" et où "tous les enfants, victimes ou pas", étaient redevables car ils avaient "peur que l'argent s'arrête".

Accusant le chercheur d'avoir "sali l'Afrique" et de faire preuve d'une "mauvaise foi intégrale", elle a estimé qu'il était "toujours dangereux pour la société", malgré deux ans de détention provisoire.

Peu après son arrestation, Yves Marguerat avait soutenu lors de son procès le père François Lefort des Ylouses, religieux condamné en juin 2005 en France à huit ans de prison, notamment pour viols sur mineurs au Sénégal.

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